Publié le 26/02/2020
Donald Trump et Shinzo Abe signant leur accord commercial le 25 septembre 2019

Yuka FUKUNAGA

Traditionnellement attaché au système commercial multilatéral et à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le Japon fait fréquemment appel à son mécanisme de règlement des différends.

Cela étant, du fait du blocage des négociations du cycle de Doha, le Japon a été contraint au cours des dernières années d’ajouter la négociation d’accords commerciaux régionaux de plus ou moins grande envergure à sa panoplie d’instruments de politique commerciale.

Bien que la base de sa politique commerciale demeure inchangée, le Japon a en outre dû la repenser et la modifier sous la pression de la politique unilatérale agressive menée par l’administration Trump.  

Tout d’abord, le Japon a dû revoir son approche des accords commerciaux régionaux suite au retrait américain du Partenariat Trans-Pacifique (TPP), et s’est engagé en septembre 2018 dans la négociation d’un accord commercial bilatéral avec les Etats-Unis portant sur les biens ainsi que sur d’autres sujets importants dont les services.

Dans la foulée, le Japon a intensifié ses efforts pour conclure un accord de partenariat économique avec l’Union Européenne de même qu’avec 15 autres partenaires asiatiques dans le cadre du Grand partenariat économique régional (Regional Comprehensive Economic Partnership – RCEP). 

Une autre inflexion dans la politique commerciale du Japon tient à l’importance croissante désormais accordée aux considérations de sécurité nationale. Ainsi, la menace de mise en œuvre de droits de douane supplémentaires sur les véhicules et les pièces détachées automobiles à des fins de sauvegarde de la sécurité nationale pèse sur les négociations bilatérales avec les Etats-Unis.   

La question de la sécurité nationale est également objet de controverses dans les relations commerciales entre le Japon et la Corée du Sud.

Dernière inflexion dans la stratégie commerciale japonaise : le pays cherche désormais à prendre l’initiative dans les discussions sur la réforme de l’OMC. L’organisation est confrontée à des défis qui menacent jusqu’à son existence même en raison du blocage de ses fonctions de réglementation et de règlement des différends. En tant que champion du système commercial multilatéral articulé autour de l’OMC, le Japon s’érige en force de proposition pour moderniser et redynamiser l’organisation. Estimant essentiel d’adapter les règles de l’OMC aux nouvelles réalités technologiques, le Japon a notamment pris le leadership dans les négociations sur la définition de nouvelles règles pour le commerce électronique. En matière de règlement des différends, le problème le plus urgent à régler tient à la paralysie de l’organe d’appel. Bien que le Japon n’ait pas arrêté de position claire sur la réforme de cet organe, il pourrait jouer un rôle crucial de médiateur entre les différents membres de l’OMC. 


Cette étude est disponible en anglais uniquement : Japan’s Trade Policy in the Midst of Uncertainty [1]