Publié le 20/06/2020

Matthieu TARDIS, cité par Ouest France/AFP

À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, un rapport souligne que le délai pour une demande d’asile en France a été en moyenne de 325 jours en 2019. Un chiffre en augmentation par rapport à l’année précédente.

Le délai de traitement des dossiers de demande d’asile continue de s’allonger, loin des objectifs du gouvernement et symbole de la crise de l’accueil en France, selon un rapport publié samedi 20 juin à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés.

En 2019, le délai d’instruction global à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), a été en moyenne de 325 jours, 18 de plus qu’en 2018. Parfois, jusqu’à 13 mois peuvent s’écouler entre l’entrée dans la procédure et la décision définitive.

Ces délais s’éloignent de l’objectif fixé par le président de la République au début de son mandat, à savoir instruire les demandes en six mois, souligne le rapport annuel de Forum réfugiés-Cosi.

Des effets sur l’intégration

  • Lors de cette longue attente, qui peut provoquer des effets de long terme sur l’intégration, il faut un accompagnement à chaque étape comme le font d’autres pays, pour savoir si le demandeur est bien suivi, souhaite Matthieu Tardis, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri), lors d’une visioconférence organisée par Forum réfugiés-Cosi.

La réduction des délais, je l’ai toujours considérée comme l’un des droits fondamentaux des demandeurs d’asile, qui sont déjà dans la précarité et l’angoisse, a indiqué lors de la conférence Pascal Brice, ancien directeur de l’Ofpra et contributeur du rapport.

  • Pour Matthieu Tardis, la France est dans une crise de l’accueil perpétuelle et la gestion exceptionnelle est devenue une norme.

 

177 000 demandes en 2019

Le chercheur assure que pour l’heure, moins de la moitié des demandeurs d’asile est hébergée dans le dispositif national d’accueil (DNA) et les situations de campements de rue perdurent.

Malgré près de 100 000 places d’hébergements disponibles, le DNA reste sous-dimensionné alors que la France a enregistré plus de 177 000 demandes d’obtention du statut de réfugié l’an dernier.

Une hausse de 9,3 % par rapport à 2018 qui confirme la place de la France comme destination privilégiée en Europe pour les aspirants à l’asile.

Près de 46 000 personnes ont obtenu une protection au titre de l’asile en 2019, un ordre de grandeur similaire à l’année précédente, originaires principalement d’Afghanistan, du Soudan et de Syrie.

 

> Lire l'article sur le site de Ouest France [1]