Publié le 15/01/2021
Missile Titan II, Titan II Missile Museum.

Corentin BRUSTLEIN

Depuis plusieurs années, le thème de la réduction des risques nucléaires prend de l’ampleur dans le débat de sécurité internationale, en réponse au renouveau de la compétition stratégique, à l’affaiblissement des traités de maîtrise des armements et aux tensions persistantes au sein du régime de non-prolifération.

Cette étude propose une approche stratégique de la réduction des risques nucléaires, qu’elle définit comme l’ensemble des mesures unilatérales, bilatérales et multilatérales visant à réduire le risque d’emploi d’armes nucléaires grâce à l’amélioration des communications, la prévisibilité et la retenue. Se distinguant des travaux existants, cette approche souligne que les risques émanant de conflits entre puissances nucléaires sont de nature et de portée profondément différentes des incidents techniques.

Dans un contexte de rivalités géopolitiques grandissantes, ils devraient donc constituer la priorité des efforts de réduction des risques. Ces derniers entendent entraver les comportements les plus dangereux en temps de crise, par le biais de mesures portant à la fois sur les forces nucléaires et sur les capacités non nucléaires, dont l’influence sur les équilibres stratégiques va croissante. La réduction des risques stratégiques peut renforcer la sécurité internationale et la stabilité stratégique, en agissant en complément des mesures de maîtrise des armements et des postures de dissuasion. Il est donc crucial de veiller à ce que les initiatives diplomatiques visant à limiter les risques nucléaires n’aboutissent pas, par effet pervers, à accroître les risques de guerre.

L’expérience historique souligne non seulement la faisabilité d’une telle approche, mais également les bénéfices directs pouvant en être tirés, qu’il s’agisse de canaliser les comportements des puissances nucléaires dans les moments de tension, de réduire l’ambiguïté inhérente à certaines postures et stratégies, ou de poser les bases de régimes internationaux fondés sur la transparence et la retenue opérationnelle et stratégique.

 

Cette étude est également disponible en anglais : "Strategic Risk Reduction between Nuclear-Weapons Possessors" [1].