Publié le 02/02/2021

Thomas GOMART, cité par François Clémenceau dans le JDD

Sa thèse portait sur les relations franco-soviétiques à la fin des années 1950, mais Thomas Gomart, directeur de l'institut français des relationsinternationales (IFRI) est définitivement un enfant du post-soviétisme. Fils de militaire, catholique, fortement inspiré par la correspondance de Teilhard de Chardin dans les tranchées de la guerre de 14-18, l’homme est un décortiqueur de tendances et de doctrines.

Il a entendu le chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, craindre que le "monde d’après" ressemble au monde d’avant "mais en pire". Et lui ? Pas totalement rassuré mais hyper vigilant. Parmi les points positifs de la pandémie, il note que "l’humanité a intégré l’idée d’un destin partagé, indépendamment des clivages nationaux ou sociaux", que "cette crise a montré la capacité des autorités politiques à prendre des mesures d’une ampleur sans précédent".

  • "La pandémie correspond à la fois à un retour des grandes peurs et à un retour de la raison et de la politique"

Ce qui est essentiel à ses yeux pour "se préparer aux autres crises qui ne manqueront pas de survenir, qu’elles soient sanitaires, environnementales ou numériques". Autre sujet de satisfaction, la défaite des démagogues.

  • "Les résultats obtenus par les dirigeants populistes, aux États-Unis, au Brésil ou même au Royaume-Uni, qui ont minoré les dangers au début de la crise, sont catastrophiques. Les populistes sont des rhéteurs et non des guérisseurs. De manière paradoxale, la pandémie correspond à la fois à un retour des grandes peurs, qui semblent resurgir du fond des âges, et à un retour de la raison et de la politique."

Mais lorsqu’il regarde de plus près la façon dont les Européens, les Américains et les Chinois se préparent au monde de demain, il s’inquiète.

  • "Cette crise pourrait faire sortir les Européens d’une double naïveté, nous dit-il. Les élites européennes sont en plein réveil géopolitique, réveil pénible dans la mesure où elles sont en train de comprendre que la Chine a ravi à l’UE sa deuxième place sur la scène internationale en moins d’une génération."

Doit-on alors se réjouir que Joe Biden fasse le travail au nom des Occidentaux ? "N’oublions pas que le défi pour Biden est d’abord intérieur, avec une situation sanitaire désastreuse et une société polyfracturée. Si bien que sa marge de manoeuvre internationale n’est pas si large à partir du moment où les Américains considèrent ne plus bénéficier de la mondialisation."

Et quand bien même ce serait le cas, l’Amérique est-elle vraiment pleine de bonnes intentions pour réparer le monde ?

  • "Les Européens pensent que la régulation multilatérale est la seule réponse possible aux défis climatiques et numériques, répond Thomas Gomart. Ce n’est pas le cas à Washington et à Pékin, où la question est de savoir qui va prendre le contrôle du thermostat mondial. À cet égard, les Européens devraient accorder la plus grande attention aux différents programmes de géo-ingénierie visant à modifier le climat à grande échelle."

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Dernier ouvrage paru : "Guerres invisibles. Nos prochains défisgéopolitiques" (éd. Tallandier, 2021).

 

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