Publié le 15/02/2021

Françoise NICOLAS

La “New Southern Policy” (NSP) de la République de Corée repose avant tout sur la recherche d’une diversification de ses partenariats. Dans le domaine économique, le besoin apparaît certes moins pressant que dans la sphère diplomatique et de sécurité, où la domination des quatre grands acteurs que sont les Etats-Unis, la Chine, le Japon et la Russie est écrasante.   

Même si les relations économiques entre la Corée et ses partenaires du « Sud » – Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et Inde – semblent déjà relativement solides, des marges de progression demeurent. Tout d’abord, force est de constater que l’activité économique coréenne dans l’ASEAN est fortement concentrée sur le Vietnam, au détriment des autres pays. Deuxièmement, l’Inde demeure un partenaire économique de moindre importance pour la Corée, constituant jusque-là le maillon faible de la relation avec le Sud. Troisièmement, hormis à travers l’aide publique au développement (APD), les pouvoirs publics ont joué jusqu’à présent un rôle limité dans le développement des relations économiques.

Toute la question est de savoir quelle peut être la valeur ajoutée de la NSP au-delà des relations économiques déjà solides développées par le secteur privé. A travers cette stratégie, les pouvoirs publics coréens soutiennent financièrement les activités des entreprises privées dans les pays du « Sud » avant tout dans des secteurs où elles ne se seraient pas nécessairement lancées seules. La diversification n’est donc pas uniquement géographique mais également sectorielle. L’accent est mis en particulier sur les projets de développement d’infrastructures, et notamment sur des activités de niche telles que les « villes intelligentes ». 

 Outre le soutien financier, le gouvernement coréen agit également de manière indirecte à travers la signature de divers accords commerciaux préférentiels (accords de libre-échange ou partenariats économiques) dont le tout récent Grand Partenariat Economique Régional (Regional Comprehensive Economic Partnership – RCEP) conclu fin 2020.

Les chances de succès de la NSP sont relativement élevées tout d’abord parce qu’elle peut s’appuyer sur des bases solides mais aussi dans la mesure où les objectifs des pouvoirs publics sont en parfaite cohérence avec ceux des entreprises privées. Par ailleurs la priorité donnée aux projets d’infrastructure correspond aux attentes des pays récipiendaires, en tête desquels l’ASEAN. La principale faiblesse de la stratégie est de ne pas s’appuyer sur un argumentaire solide et convaincant qui en accroîtrait l’attractivité aux yeux des pays-cibles. Cette difficulté va toutefois bien au-delà de la dimension économique de la NSP et nécessiterait d’être traitée de manière plus générale.    

Cette publication est disponible en anglais uniquement : The Economic Pillar of Korea's New Southern Policy [1]