Publié le 30/03/2021

Sophie BOISSEAU du ROCHER, invitée de Fabienne Sintes dans "Un jour dans le monde" sur France Inter

Plus de 100 Birmans ont trouvé la mort au cours de manifestations ce week-end, le plus lourd bilan depuis le début du coup d'État militaire en février. Washington a annoncé de nouvelles sanctions contre la junte et un Conseil de sécurité doit se tenir mercredi à l'ONU.

Samedi dernier, la répression est encore montée d'un cran en Birmanie, où les manifestants continuent de s'opposer au coup d'État militaire. Alors que l'armée défilait à l'occasion de sa parade annuelle, plus de 100 personnes ont été tuées, portant à 440 le nombre de morts depuis le putsch du 1er février. Les opposants sont désormais moins nombreux dans les rues que lors des grandes manifestations pacifiques du mois dernier, en particulier à cause de la répression qui s'intensifie depuis quelques semaines. Si c'est la jeunesse qui est particulièrement active dans la rue, la grève générale est également toujours très suivie à travers tout le pays.

La communauté internationale n'a pas tardé à réagir à l'annonce de ces massacres. Dès dimanche, un communiqué de responsables militaires de douze pays démocratiques ont condamné l'usage "de forces létales contre des gens non armés". Washington a annoncé hier la suspension de l'accord-cadre sur le commerce et les investissements, conclu avec la Birmanie en 2013, jusqu'à ce qu'un gouvernement "démocratiquement élu" soit rétabli. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira quant à lui demain pour évoquer la situation.

Les enjeux de cette rencontre sont multiples. Les États qui siègent au Conseil de sécurité n'ont pas la même politique envers la junte : la Russie fournit des armes aux militaires, tandis que la Chine, premier partenaire de la Birmanie, y a de nombreux intérêts commerciaux. Cela amoindrit les chances des pays qui y siègent d'aboutir à un consensus quant à une condamnation des militaires, la mise en place de nouvelles sanctions, voire la reconnaissance du Parlement birman en exil. La marge de manoeuvre de la communauté internationale est donc restreinte, d'autant plus que l'efficacité des sanctions est contestée : elles seraient mêmes "contre-productives", selon la chercheuse Sophie Boisseau du Rocher.

Avec nous pour en parler 

  • Sophie Boisseau du Rocher est chercheuse et spécialiste de l’Asie du Sud-Est à l’Institut français des relations internationales (Ifri). 

> Ecouter le podcast sur le site de France Inter [1]