Publié le 01/04/2021

Julien NOCETTI, cité par Antone Izambard dans Challenges

Des démissions en série en Slovaquie, le couple franco-allemand qui se déchire... Le vaccin russe met en lumière le manque d'unité europénne.

Un Premier ministre contraint de quitter le pouvoir en urgence et un tiers du gouvernement décapité. En Slovaquie, la gestion du Spoutnik V fait des étincelles. Véritable instrument de soft power à la crédibilité scitifique reconnue - la revue spécialisée The Lancet le juge efficace à 91,6%-, le Sputnik V est même venu ces derniers jours troubler la sérénité du couple franc-allemand.

Véritable instrument de soft power à la crédibilité scientifique reconnue - la revue spécialisée The Lancet le juge efficace à 91,6%-, le Spoutnik V est même venu ces derniers jours troubler la sérénité du couple franco-allemand. Alors qu’Angela Merkel ne cesse de rappeler qu'elle est favorable à ce que l’Allemagne utilise et produise le sérum russe si l’Agence européenne des médicaments (EMA) le valide, Paris se montre beaucoup plus réticent. Le 26 mars, Jean-Yves Le Drian a même qualifié le vaccin qui tire son nom du fameux satellite soviétique, de "moyen de propagande", quand Emmanuel Macron évoquait la veille les "velléités de déstabilisation et d’influence". "Nous ne sommes pas sur la même
ligne que les Allemands, confirme un cadre du Quai d’Orsay. Berlin, qui est très dépendant du gaz naturel russe, ne veut pas froisser Moscou et lui tend peut-être trop les bras, notamment sous la pression des régions de l’ex-RDA".

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L'UE se saborde.

Dans ce jeu de billard à trois bandes, Moscou tire aussi profit du déficit d’unité européenne.

  • "Il y a certes une habileté des dirigeants russes à jouer la division mais il y a surtout un grand savoir-faire de l’UE à se saborder elle-même", juge Julien Nocetti, chercheur à l’IFRI.
  • Ce spécialiste de la Russie qui enseigne notamment aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan souligne aussi que le Spoutnik V traduit la "volonté d'affichage de la Russie à l'égard de l'Occident mais surtout vis à vis d'une puissance chinoise ascendante".

Symbole de cette difficulté du Vieux continent à avancer groupé : le rapprochement avec Moscou initié par Paris à l’été 2019 avait été peu apprécié par plusieurs pays européens. "La manière d’appréhender le cas de la Russie ne fait pas consensus en Europe", ironise le diplomate Pierre Vimont, à qui Emmanuel Macron a confié la périlleuse mission de nouer un nouveau dialogue avec le Kremlin. Depuis l’affaire Navalny celle-ci est toutefois au point mort. Plus conciliant, l’ambassadeur à Moscou de 2013 à 2017, Jean-Maurice Ripert voit lui dans cette bataille géopolitique du vaccin, l’occasion de raccrocher les wagons avec le pays dirigé par Vladimir Poutine. "Il faut arrêter de dire que nous sommes en guerre avec la Russie, observe-t-il. Si le Spoutnik V est homologué, cela offrira une occasion de rapprochement et de coopération qu’il serait dommage de ne pas saisir". Au vu des dernières prises de positions françaises et de la Commission, il n’est pas dit que ce soit le cas.

 

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