Publié le 16/04/2021

Julien NOCETTI, cité par Samuel Khan dans Contexte

Il porte sur son dos la politique étrangère de la France en matière de numérique. Spécialiste de l’open data, Henri Verdier veut installer son logiciel au Quai d’Orsay, voire au-delà. Une méthode atypique et de grande ambitions, entravées par des moyens limités.

Ils sont répartis sur une boussole à la fin de son rapport d'activité les domaines d'actions de l'ambassadeur français pour les afaires numériques. Au nord: la sécurité, à l'est: l'influence, au sud: la diplomatie économique, à l'ouest : la gouvernance internet, au centre: les innovations technologiques. Ces missions, déclinées en dizaines d'initiatives, d'objectifs et de collaborations, Henri Verdier s'y atelle depuis sa nomination en novembre 2018 parmi la vingtaine d'ambassadeurs thématiques que compte le Quai d'Orsay.

Julien Nocetti, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri), commente : 

Les enjeux de ce poste sont assez vertigineux. Les négociations des grands enjeux cyber sont devenues très géopolitiques, avec des inconnues majeurs, des acteurs comme les États-Unis, la Chine et la Russie qui sont délicats à manœuvrer.

Cela tombe bien. Quand il reprend la barre, Henri Verdier vient de passer trois années à la tête de la Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (Dinsic), après avoir dirigé Etalab, la mission chargée de l’ouverture des données publiques. Interministériel et open data, voici les deux mamelles de l’homme sur qui l’Élysée compte aujourd’hui pour porter la voix de la France dans l’univers complexe du numérique.

Julien Nocetti explique :

Le Quai d’Orsay n’a trouvé personne en son sein pour remplacer David Martinon. En 2018, il n’y avait pas de diplomates suffisamment senior et formé au numérique pour prendre la relève.

Cet ex-entrepreuneur nourri au logiciel libre arrive au ministrère de l'Europe et des Affaires étrangères avce une vision personnelle, et beaucoup d'ambition. Signe de l'apétit d'Henri Verdier, alors que le bureau de son prédécesseur était situé rue de la Convention, à quatre kilometres du Quai d'Orsay, il déménage au siège du ministère après sa prise de fonction.

Julien Nocetti remarque:

Les ambassadeurs thématiques sont généralement perçus comme des corps étrangers au Quai d'Orsay.

Ue méthode atypique qui peut parfois le mettre en porte à faux vis-à-vis du corps décrypte encore le chercheur :

De par la culture open data d'Henri Verdier, il y a une dimension de transparence qui rejaillit dans ses travaux. C'est un de ses chevaux de bataille. Mais ça peut le mettre en décalage par rapport à une culture maison qui est plus portée sur le secret.

Autre écueil: Les moyens limités de l'ambassadeur thématique. À la tête d'une équipe de cinq personnes, il porte la politique étrangère du pays sur un sujet qui mobilise plusieurs bureaux aux États-Unis.

Julien Nocetti commente :

Depuis l’arrivée de Biden, il n’y a plus d’ambassadeur du numérique ou du cyber. Il y a différents postes à responsabilités raccrochés à la Maison-Blanche, qui, au contraire de ce qu’on fait en France avec Verdier, déclinent les compétences. Le choix a été fait en France d’avoir u seul regard à 360 degrés dessus. C’est très ambitieux, mais risqué, car il y a un risque de dilution des propositions, des initiatives et même parfois des compétences. Ça peut être une limite.

 

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