Publié le 23/04/2021

Marc JULIENNE, invité de Marie-France Chatin dans Géopolitique, le débat sur RFI

Américains et Chinois ont fait du ciel une priorité. Les premiers ont plus d’avance que les seconds pour des raisons historiques d’abord, budgétaires ensuite. Les États-Unis qui ont repris en 2020 les vols habités –abandonnés depuis 2011- grâce au vaisseau conçu par SpaceX, la firme fondée par le milliardaire américain Elon Musk confirment cette option avec la deuxième mission régulière, incluant le Français Thomas Pesquet. La Chine n’est pas en reste, elle qui a lancé, ces trois dernières années, plus de fusées dans l’espace que tout autre pays, ainsi que des missions vers la Lune et vers Mars.

Les États-Unis ont longtemps bénéficié dans l’espace d’une avance technologique telle qu’il leur était difficile d’imaginer être jamais rattrapés. L’avance se réduit avec une Chine dotée de moyens financiers et techniques largement supérieurs à ceux de la défunte URSS, et qui s’équipe d’une puissante industrie de l’espace. En décembre 2019, Donald Trump lançait la création d’une force spatiale devenue la 6ème branche des forces armées américaines. L’administration Biden semble jouer la continuité. En quoi le spatial est-il un enjeu de géopolitique ?

 

L’espace: champ de compétition ou de confrontation ?

L’espace est bel et bien devenu, dans le domaine militaire, une zone de confrontation. L’attaque de satellites, en orbite ou depuis la Terre, ne relève plus de la politique fiction. L’espace n’en continue pas moins d’être un attracteur stratégique... l’enjeu étant pour les États d’accroître leurs capacités en matière de communications ou de renseignement. Les États-Unis ont mis en place une armés spécifique, et la France transformé l’armée de l’air en armée de l’air et de l’espace. La décennie 2020 devrait être celle du retour sur la Lune, de l’exploitation des ressources spatiales et d’un accroissement de la dépendance à l’espace.

Sera-t-elle aussi celle d’un premier combat en orbite ? On assiste en ce début de XXIème siècle à une multiplication des enjeux de puissance dans le spatial et à un accroissement du nombre des acteurs spatiaux, avec mise en place de systèmes militaires. Les nations dépendent de plus en plus de l’espace. Le chiffre d’affaires du spatial mondial passera de 298 milliards de dollars en 2018 à 485 milliards en 2028. Et chaque jour, nous utilisons en moyenne 45 satellites pour téléphoner, naviguer sur internet et payer par carte bancaire.

Invités :

  • Isabelle Sourbes-Verger, géographe, spécialiste des politiques spatiales. Directrice de recherche au Centre Alexandre Koyré du CNRS
  • Alain Dupas, physicien, consultant international sur les stratégies aérospatiales et co-auteur du « Destin cosmique de l’humanité », éditions Odile Jacob
  • Jean Daniel Testé, général de brigade aérienne (2S), PDG de l’Observatoire de la Terre Appliquée, ancien commandant interarmées de l’espace
  • Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Institut Français des Relations Internationales, auteur d’une recherche sur les « ambitions spatiales de la Chine » [1]
     

Édition réalisée en partenariat avec la revue DIPLOMATIE.

> Ecouter les deux émissions sur le site de RFI :