Publié le 25/05/2021

Andreï PARATNIKAU (POROTNIKOV), cité par Alain Barluet dans Le Figaro

Le président biélorusse, au pouvoir depuis vingt-sept ans, s’est maintenu au prix d’une dure répression. L’affaire de l’interception du vol de Ryanair en apporte une nouvelle preuve : Alexandre Loukachenko n’a toujours pas digéré d’avoir été contesté, des mois durant, par des manifestations répétées, à la suite de sa victoire jugée frauduleuse à l’élection présidentielle d’août dernier.

Pour les observateurs, la dureté de cette répression s’inscrit dans la logique d’un parcours politique que beaucoup comparent à une revanche sur le sort.

Le pouvoir l’attire comme un aimant. En 1975, tout juste marié à Galina et père de son premier fils, Viktor, Loukachenko laisse sa famille à Moguilev, dans l’est de la Biélorussie, pour gagner la capitale et gérer sa carrière. Son deuxième fils, Dmitri, naît cinq ans plus tard. Galina vit toujours dans le village de Ryzhkovichi près de Moguilev, dans une maison entourée de palissades et étroitement surveillée. Les époux Loukachenko sont séparés mais n’ont jamais divorcé.

Sitôt arrivé au pouvoir, Loukachenko a réorganisé les services de sécurité, autour du KGB qui conserve son nom. Ils deviennent le fer de lance de la lutte contre la criminalité, puis de la neutralisation de toute opposition politique.

Le spécialiste Andreï Porotnikov, écrit dans une note de l'Ifri sur "la sécurité extérieure et intérieure de la Biélorussie" (août 2020).

De diverses manières, allant de la répression directe à la corruption et à l'infiltration d’agents des services spéciaux, l’opposition a d'abord été divisée, puis pratiquement éliminée de l'espace politique.

Plusieurs opposants, y compris des personnalités officielles, sont enlevés, assassinés ou disparaissent, comme Youri Zakharenko, en 199, ex-ministre de l'Intérieur passé à l'opposition, ou, la même année Viktor Gontchar, un ancien chef de la commission électorale qui aurait détenu des preuves des fraudes de Loukachenko.

Porotnikov écrit encore :

De ce fait, les élections en Biélorussie ne sont plus devenues qu’un élément décoratif, et les organes représentatifs, y compris le Parlement, n’ont pour seule fonction que de légitimer la volonté d’Alexandre Loukachenko.

Le défi électoral que lui a lancé l’opposante, aujourd’hui en exil, Svetlana Tikhanovskaïa, en se présentant contre lui au scrutin du 9 août 2020 a été ressenti comme un af front par le chef de l’État qui briguait son sixième mandat.

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