Publié le 10/06/2021

Tatiana KASTOUEVA-JEAN, citée par Fabrice Duprez dans La Croix

Tous les membres de ces organisations et leurs soutiens risquent désormais plusieurs années de prison. Alexeï Navalny a encouragé depuis sa prison l’opposition à continuer la lutte.

Sur Twitter, jeudi 10 juin, Gueorgui Albourov, l’une des principales figures du Fonds de lutte contre la corruption, l’organisation de l’opposant Alexeï Navalny, veut croire que rien n’a changé. Cette organisation, ainsi que le Fonds de défense des droits des citoyens et l’ensemble des bureaux régionaux d’Alexeï Navalny ont, quelques heures plus tôt, été déclarés « organisations extrémistes » par un tribunal municipal de Moscou.

Attendue depuis plusieurs semaines, annoncée dans la soirée du 9 juin au terme de près de douze heures de délibérations secrètes, la décision décapite ce qui restait jusque-là la formation d’opposition la mieux organisée de Russie.

Tatiana Kastouéva-Jean, responsable du centre Russie/NEI à l’Institut français des relations internationales (Ifri), résume :

Toute l’activité de l’opposition est maintenant criminalisée.

Le jugement interdit à toutes les organisations liées à Alexeï Navalny, lui-même en prison depuis février, de disséminer la moindre information, de recevoir des financements ou d’organiser des actions de protestation. Les membres des organisations extrémistes, mais aussi leurs soutiens, risquent des poursuites judiciaires et jusqu’à dix années de prison, en plus d’une interdiction de participer à toute élection.

Alexeï Navalny a encourager ses soutiens à participer au programme "Smart Vote" lors des législatives prévues dans trois mois. Une stratégie concoctée par l’opposant en 2018 en réponse aux refus du pouvoir de laisser les candidats d’opposition participer aux élections.

Depuis lors, l’organisation d’Alexeï Navalny enjoint les Russes à voter pour n’importe quel parti, même ceux réputés proches du Kremlin, tant qu’il ne s’agit pas de « Russie Unie », le parti du pouvoir. Sur sa chaîne YouTube, elle a aussi publié, dès le 10 juin, une nouvelle enquête révélant comment les autorités russes ont falsifié le dossier médical d’Alexeï Navalny pour cacher son empoisonnement par un agent neurotoxique.

Tatiana Kastouéva-Jean note :

C’est quelque chose qu’ils vont pouvoir continuer à faire, ces enquêtes et ces dénonciations de la corruption.

Mais pour ce qui est de la capacité à mener une activité politique, ça va être extrêmement difficile.

Les options pour les partisans d’Alexeï Navalny pourraient très vite se limiter à la fuite à l’étranger, ou à la clandestinité.

 

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