Publié le 17/06/2021

Marc JULIENNE, interrogé sur RFI.

Trois mois. C’est le temps que vont passer les trois taïkonautes qui ont pénétré jeudi pour la première fois dans la nouvelle station spatiale chinoise. C’est le premier vol organisé par Pékin depuis 2016 et le plus long de l’histoire de la Chine.

Les trois taïkonautes, dont les noms n'ont été révélés que la veille, ont été montrés à la télévision chinoise entrant dans le premier module baptisé Tianhe (« Harmonie céleste »), l'un des astronautes effectuant un saut périlleux de 360 degrés au cours de cette opération.

À son bord, les astronautes ne chômeront pas : maintenance, installation de matériel, sorties dans l'espace, préparation des missions de construction à venir et des séjours des futurs équipages. La mission Shenzhou-12 constitue le troisième lancement sur les 11 nécessaires à la construction de la station entre 2021 et 2022. Quatre missions habitées sont prévues au total.

Dans un contexte de tension avec l'Occident, la réussite de la mission est une question de prestige pour Pékin, qui s'apprête à célébrer le 1er juillet le centenaire du Parti communiste chinois (PCC).

Ambitions chinoises « tous azimuts »

C’est aussi une étape décisive pour Pékin en pleine rivalité technologique avec Washington. Les ambitions chinoises sont « tous azimuts » selon Marc Julienne, chercheur au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri) qui explique que cela peut créer des craintes au niveau mondial, car «  une immense majorité des technologies spatiales ont une valeur aussi bien civile que militaire. »

 

Quand on maîtrise l'espace, on peut utiliser l'espace extra-atmosphérique pour des objectifs militaires et c'est ce qui inquiète en premier lieu les Américains.

En plus de Tianhe déjà en place, les deux modules restants (qui seront des laboratoires) devraient être envoyés dans l'espace en 2022. Ces derniers permettront de mener des expériences en matière de biotechnologie, médecine, astronomie ou encore de technologies spatiales.

La Chine s'est résolue à construire sa propre station dans l'espace après le refus des États-Unis de la laisser participer à l'ISS. Cette dernière – qui réunit les États-Unis, la Russie, le Canada, l'Europe et le Japon – doit prendre sa retraite en 2024, même si la Nasa a évoqué une prolongation possible au-delà de 2028.

« Nous sommes prêts à coopérer avec n'importe quel pays qui s'engage en faveur de l'utilisation pacifique de l'espace », a déclaré mercredi un haut responsable de l'Agence chinoise des vols habités (CMSA), Ji Qiming.

 

> Retrouver l'article et écouter l'interview sur le site de RFI [1].