Publié le 16/07/2021

Paul MAURICE, cité sur franceinfo

Les inondations meurtrières dans l'ouest du pays interviennent à deux mois des élections législatives pour désigner celle ou celui qui succédera à Angela Merkel à la chancellerie.

Les prétendants à la succession d'Angela Merkel rivalisaient déjà de "promesses vertes" dans la campagne pour les législatives du 26 septembre. Les inondations meurtrières qui frappent, depuis le jeudi 15 juillet, l'ouest de l'Allemagne accentuent encore l'enjeu de l'urgence climatique pour les candidats. A l'heure où le pays est encore sous le choc d'une tragédie qui a fait au moins 103 morts et de nombreux disparus, la question n'est pas encore ouvertement évoquée. Un député écologiste, qui dès les premières heures du drame, avait attaqué les politiques des partis concurrents sur le climat, a dû effacer son tweet, perçu comme une récupération scandaleuse.

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Le précédent Fukushima

  • Cette situation peut-elle rebattre les cartes du jeu politique, à moins de trois mois des élections législatives du 26 septembre ? Avant ce drame, "la CDU était en tête à 28-30% selon les sondages, suivie des Verts, entre 17 et 20%, en baisse par rapport au début de la campagne électorale, et du SPD, entre 15 et 18%. Donc Armin Laschet, le candidat de la CDU, est bien parti pour devenir chancelier", contextualise pour franceinfo Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes à l'Institut français des relations internationales, tout en rappelant l'importance des coalitions dans le système politique local.
  • Il est encore trop tôt pour savoir si ces inondations inciteront davantage d'électeurs à se tourner vers les Verts, d'autant plus que "ces thématiques ont infusé chez les autres partis politiques", observe le chercheur. Ce dernier note cependant que la catastrophe de Fukushima en 2011 "avait eu des conséquences en Allemagne : les Verts avaient pris le pouvoir en Bade-Wurtemberg et fait un très score à la mairie de Brème. Leurs scores historiquement hauts avaient poussé Angela Merkel à accélérer la sortie du nucléaire".

Les bottes de Schröder en 2002

  • Ces intempéries rappellent également un autre moment politique de l'histoire allemande. "Au moment des inondations de l'Elbe en 2002, Gerhard Schröder était venu sur place avec son ciré et ses bottes. Tout le monde dit aujourd'hui que c'était un moment fort de sa campagne et que cela lui avait permis de se relancer et de gagner", retrace Paul Maurice.
  • C'est peut-être avec ce précédent en tête qu'Armin Laschet, favori des sondages et dirigeant d'une des régions les plus touchées, la Rhénanie du Nord-Westphalie, s'est rendu sur place pour visiter les zones inondées, bottes aux pieds. "Est-ce que cela va le servir ou le desservir ? Va-t-il profiter de cette exposition médiatique ?", s'interroge Paul Maurice, avant d'inviter à patienter. "Si les élections avaient lieu dans 15 jours, cela aurait peut-être un impact, mais il faut voir sur le long terme", analyse-t-il.

 

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