Publié le 04/09/2021

Elie TENENBAUM, invité dans "Affaires étrangères" sur France Culture

Quelles seront les conséquences de la victoire des Talibans en Afghanistan sur le djihâd mondial ? Il y a trois semaines, déjà, Kaboul tombait aux mains des Talibans. Stupéfaits, nous assistions en direct, jour après jour, à la défaite de la première puissance du monde par ceux-là même qu'elle avait entrepris d'éradiquer vingt ans auparavant.

Sanctuaire islamiste 

Trois semaines au bout desquelles surgissent quelques paradoxes : les États-Unis n'ont d'autres choix que de dialoguer avec les Talibans pour obtenir le départ des Américains et de leurs associés afghans bloqués sur place, les Talibans n'ont d'autres choix que de collaborer avec Washington pour accéder à la reconnaissance et aux financements internationaux indispensables à la survie du pays. 

Tous les États concernés par le séisme afghan - qu'il s'agisse des voisins comme l'Iran, le Pakistan ou les autres puissances régionales, la Russie, la Chine partagent la même priorité : empêcher l'Afghanistan de devenir le sanctuaire de différentes mouvances islamistes financées par le commerce de l'opium, lui éviter de sombrer encore plus dans leurs luttes intestines.

Quelle est la place des Talibans dans la galaxie djihadiste ? Faudrait-il souhaiter leur succès ? Quelques 10 000 militaires étrangers seraient sur place, selon l'Onu. Daesh, l'organisation de l'État islamique, a resurgi avec force en frappant l'aéroport d'une attaque suicide et de tirs de roquettes, contestant le nouvel ordre taliban. Quels sont donc leurs rapports, quel de gré de porosité, quelles divisions au sein même des Talibans ? 

Qu'en est-il de la rivalité entre Daesh et Al-Qaïda, l'organisation-mère, dont le vieux Al-Zawahiri serait lui aussi rentré en Afghanistan ? Quels sont aujourd'hui les théâtres d'opération ds uns et des autres, la cartographie des groupes franchisés - au Sahel, mais aussi dans la Corne de l'Afrique, au Sinaï, en Syrie, au Yémen, en Asie du Sud Est ? Au moment où va commencer à Paris le procès des attentats de 2015, ranimant tant de blessures et de cauchemars, qu sait-on aujourd'hui du monde version djihâd ?

Intervenants
  • Niagalé Bagayoko [1], politologue, présidente de l’African Security Sector Network, une organisation panafricaine qui rassemble des spécialistes de la réforme des systèmes de sécurité
  • Gilles Kepel [2], politologue. Titulaire de la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’ENS. Professeur à l’université Paris Sciences et Lettres.
  • Elie Tenenbaum [3], directeur du centre des études de sécurité à l’IFRI
  • Gilles Dorronsoro [4], professeur de science politique à l'Université Paris I et membre sénior de l'Institut universitaire de France, spécialiste de l’Afghanistan et de la Turquie
 
> Ecouter l'émission sur le site de France Culture [5]