Publié le 14/09/2021

Paul MAURICE, interviewé par Pascal Baeriswyl dans La Liberté

Angela Merkel, la chancelière allemande achève ses 16 ans de pouvoir en pleine gloire malgré un bilan controversé.

Dans une dizaine de jours, au soir des élections fédérales, Angela Merkel tirera sa révérence après 16 ans de pouvoir. Dans les faits, elle restera aux affaires jusqu’à la formation d’une nouvelle coalition. Sa récente tournée d’adieux, dans les grandes capitales internationales, a rappelé l’étendue de son aura. Désignée « femme la plus puissante du monde » à quatorze reprises, son bilan n’en est pas moins contrasté. L’éclairage de Paul Maurice, politologue spécialiste de l’Allemagne et chercheur à l’IFRI (Institut français des relations internationales, Paris).
 
[...]
  • C’est révélateur de sa façon de fonctionner. D’une manière générale, elle n’a jamais fait de grand discours sur quoi que ce soit.

[...]

  • Je dirais qu’elle n’a pas eu de partenaire avec qui proposer une vision forte de l’UE. Comme cela fut le cas, par exemple, avec Kohl et Mitterrand, qui ont pu proposer le Traité de Maastricht et l’Union monétaire.

[...]

  • Lors du plan de relance européen de 2020, elle s’en est tenue à l’idée selon laquelle « l’Allemagne ne se porte bien que si l’Europe se porte bien ».
[...]
 
« Je pense qu’elle laissera une trace dans l’histoire » Paul Maurice

[...]

Une méthode unique en son genre
 
La façon de gouverner de Merkel est souvent citée en exemple. Mais un reproche revient : « Elle a su gérer convenablement les crises, mais elle ne les a pas anticipées », décrypte Paul Maurice, spécialiste de l’Allemagne. De par sa formation, elle a une approche scientifique des problèmes. Hyper prudente, elle a toujours tenu compte de son opinion publique, mais elle a su prendre parfois beaucoup de risques. Insensible à la provocation, elle a aussi joué le rôle de passerelle au-dessus des tensions internationales, ménageant notamment la Russie de Poutine vis-à-vis des Occidentaux.
 
[...]
« Elle a vécu en Allemagne de l’Est, où de graves atteintes à l’environnement ont été perpétrées de par le passé, rappelle le politologue Paul Maurice. Mais elle reste pragmatique. De plus, les décisions de principe concernant le nucléaire avaient été prises à l’époque du gouvernement Schröder qui gouvernait alors avec les écologistes ».
[...]
 
Merkel a procédé à des réformes plutôt de gauche
 
Il n’empêche, ce geste historique semble avoir favorisé l’essor du parti d’extrême droite AfD. Oui, mais attention au poids du contexte, avertit Paul Maurice : « La politique migratoire de Merkel n’est pas la seule cause de la poussée de l’AfD. D’autres raisons, dont le sentiment d’abandon dont souffre l’est du pays, l’expliquent aussi. L’histoire retiendra néanmoins que c’est sous Merkel qu’un parti d’extrême droite est entré au Parlement fédéral, avec tous les symboles qui s’y rattachent ».
 
[...]
 
>> Cet article est disponible sur le site de La Liberté [1]. Contenu réservé aux abonnés.