Publié le 22/10/2021
Une affiche d'Erdogan devant les drapeaux européen et français et le minaret de la mosquée de Taksim à Istanbul

Antoine MICHON

Depuis son entrée en fonction en 2017, Emmanuel Macron a été le principal défenseur du développement de ‘l’autonomie stratégique’ européenne, qui vise à renforcer l’indépendance géostratégique de l’Union européenne (UE). Cette volonté d’affirmer le rôle de l’UE sur la scène internationale, à commencer par son voisinage immédiat, est en opposition frontale avec la stratégie d’expansion turque dans plusieurs zones stratégiques. 

Le président français a publiquement utilisé les affrontements répétés en Méditerranée, sur la gestion des frontières, ainsi que dans les domaines religieux et de l’Etat de droit pour convaincre ses homologues européens du besoin de renforcer la souveraineté européenne en approfondissant le niveau d’intégration de l’Union. Parallèlement, l’échec du volet européen de la ‘profondeur stratégique’ que Recep Tayyip Erdogan essaie de mettre en place depuis 2003, combiné à la montée d’une opposition politique interne en raison de la situation économique du pays, a poussé le président turc à adopter une posture agressive pour alimenter son programme national. Ainsi, malgré les avantages évidents pour Ankara et Bruxelles à approfondir leur partenariat stratégique, l’inimitié personnelle entre leurs dirigeants ainsi que leurs intérêts politiques immédiats divergents n’ont pas permis d’avancée significative sur les principaux problèmes qui les opposent. La présidence française de l’UE, qui débute en janvier 2022 et verra le président Macron se présenter à sa réélection, sera une période dangereuse qui pourrait aisément raviver les hostilités. 

 

Ce contenu est disponible en anglais : Building European Strategic Autonomy vs. Turkish Strategic Depth: Macron's Diplomatic Gamble [1]