Publié le 24/11/2021

Paul MAURICE, cité par Ninon Renaud dans Les Echos

Le président des libéraux allemand va hériter du ministère des Finances. Une gageure pour le couple franco-allemand tant ses convictions sont éloignées de celles de Paris en matière de politique budgétaire. La marge de compromis s'annonce ténue. Portrait d'un homme entêté, qui a quelques raisons de l'être.

C'est finalement le scénario que la France et, derrière elle l'Europe du Sud, craignaient le plus qui est en passe de se réaliser. Face aux Verts et à leur coprésident Robert Habeck, les libéraux et donc leur président Christian Lindner l'ont finalement emporté : l'élu de Rhénanie-du-Nord-Westphalie sera le nouveau gardien des finances de l'Allemagne, une fois obtenu le blanc-seing formel du SPD, des Verts et du FDP au contrat de coalition gouvernemental que les dirigeants des trois partis ont bouclé ce mercredi. Le changement s'annonce notoire pour le couple franco-allemand : à quarante-deux ans, cet amoureux de voitures de sport arbore des costumes impeccables et des implants capillaires qui accentuent son air juvénile. Fiancé à une journaliste politique trentenaire, il succède à Olaf Scholz, nouveau chancelier social-démocrate qui a fait de la discrétion son mantra. De vingt et un ans son aîné, celui-ci préfère l'aviron aux grosses cylindrées. Cette rupture de style et de génération marque aussi une césure politique.

Alors que son prédécesseur s'était félicité d'un moment fédérateur pour l'Europe avec la mise en oeuvre l'an passé d'une dette commune, Christian Lindner est décidé à faire de ce programme un accident de l'histoire. Le quadra a déjà rejeté sans ambiguïtél'appel de la France à réformer les règles du pacte de stabilité budgétaire : « Face au risque d'inflation, l'Allemagne doit rester un défenseur de la stabilité en Europe » , a-t-il déclaré lors d'une interview au « Süddeutsche Zeitung » en fin de semaine dernière. Prôner des finances solides et une maîtrise des dettes, « ce n'est pas par orthodoxie, mais dans l'intérêt de la communauté » , assure-t-il. 

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La France doit-elle en avoir peur ? L'intéressé sait combien compte le couple franco-allemand pour l'Europe et il assure vouloir construire des ponts entre les pays frugaux du Nord et ceux du Sud. « L'Allemagne a une responsabilité particulière en Europe » , souligne-t-il dans le « Süddeutsche Zeitung » . Une façon de signaler qu'il est en train d'abandonner son costume de membre de l'opposition pour se glisser dans celui de gouvernant soucieux de durer.

  • Mais « Paris aura peu de temps pour apprivoiser Christian Lindner et mettre en scène l'harmonie du couple franco-allemand durant sa présidence du conseil de l'UE qui démarre en janvier » , prévient Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), à l'Ifri.  

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