Publié le 07/12/2021

Paul MAURICE, cité par Pierre Avril et Anne Rovan dans Le Figaro

En affichant son ambition européenne, le contrat de coalition se veut une réponse au fameux discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, prononcé quelques mois après son élection, et qui avait pour objectif de refonder l’Europe.

Olaf Scholz sera-t-il à la hauteur d’Angela Merkel? Les interrogations pointent à Berlin sur le leadership du nouveau chancelier en Europe. À Bruxelles, en revanche, l’ancien ministre des Finances a déjà marqué des points. Le contrat de coalition affiche une ambition européenne et une volonté de relancer le dialogue franco-allemand bien plus affirmées que celles portées ces dernières années par Angela Merkel et la CDU. Le nouveau gouvernement entend «engager des réformes» au sein de l’UE, en revenant notamment sur la règle de l’unanimité qui prévaut en matière de politique étrangère. Ces réformes pourraient même « conduire à l’évolution de l’UE vers un État fédéral européen ».

Le texte se veut, à bien des égards, une réponse au fameux discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, prononcé en septembre 2017, quelques mois après son élection, et qui avait pour objectif de refonder l’Europe. «Cet accord de coalition est la promesse d’une coopération franco-allemande vraiment fructueuse», se félicite-t-on à l’Élysée. «Quels que soient les mots retenus, il y a la volonté de doter l’Europe des moyens de décision plus autonomes dans le contexte international», ajoute-t-on.

  • Paul Maurice, spécialiste des relations franco-allemandes à l’Ifri, est un brin moins optimiste. «C’est aussi une réponse à Joe Biden. Il est rappelé que l’Alliance atlantique est le fondement de la politique de défense et de sécurité allemande», souligne-t-il.

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En réalité, le renforcement des liens avec Rome et l’arrivée d’une nouvelle coalition à Berlin arrivent à point nommé, alors que la France prendra au 1er janvier les commandes de la présidence de l’UE. Tenu à un devoir de neutralité durant six mois, Paris espère pouvoir compter sur ces deux alliés pour pousser ses dossiers prioritaires, de la boussole stratégique au salaire minimum européen. À l’inverse, la coalition constituée par Olaf Scholz n’est pas une bonne nouvelle pour les États membres en délicatesse sur les questions d’État de droit, Pologne et Hongrie en tête. 

  • «Sous Merkel, c’était “on garde tout le monde à bord”. Les Allemands risquent, maintenant, de se montrer bien plus fermes parce que les Verts et les libéraux sont attachés à ces principes», estime Paul Maurice.

Viktor Orban l’a bien compris. Dans une tribune publiée lundi, le premier ministre hongrois n’épargne ni Angela Merkel ni la nouvelle coalition. «Il s’avère que les Allemands sont sur l’autre voie de la civilisation européenne, vers une sorte d’État postchrétien et postnational», écrit-il. 

 

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