Publié le 17/12/2021

Paul MAURICE, propos recueillis par Nicolas Feldman pour RFI

Trois mois et demi après la débâcle subie aux législatives, la CDU (Union chrétienne démocrate) vient d'élire à la majorité absolue son nouveau chef. Un ancien rival d'Angela Merkel, Friedrich Merz, prend la direction du parti et devient par la même occasion le chef de l'opposition.

Friedrich Merz est le grand rival de toujours de l’ancienne chancelière qui l’avait délogé de son poste de président du groupe Union chrétienne-démocrate / Union chrétienne sociale (CDU/CSU) au Bundestag au début des années 2000. Un geste qu’il ne lui pardonnera jamais.

En 2009, il se retire complètement de la vie politique et se reconvertit avantageusement dans la finance. Mais lorsque Angela Merkel annonce son retrait de la tête de la CDU, en 2018, moins de 24 heures plus tard, à la surprise générale, Friedrich Merz annonce son intention de lui succéder. Il perdra par deux fois.

La troisième tentative aura été la bonne, souligne la correspondante à Berlin, Nathalie Versieux. Après des mois d'errements suite à la défaite cuisante subie aux législatives de septembre, Merz a été élu à 62% par les 400 000 militants du parti conservateur allemand.

Vers un retour aux valeurs traditionnelles du parti ?

Une majorité claire qui fait de lui le chef incontesté de l'opposition au chancelier Olaf Scholz. Merz incarne un recentrage de la CDU sur les valeurs traditionnelles et l'adieu aux années Merkel. Son entourage fait peu de place aux femmes, aux jeunes ou aux personnes issues de l'immigration, avec une sur-représentation des milieux d'affaires.

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Européen convaincu, il est adepte des propositions de réforme de l'Union européenne (UE) d'Emmanuel Macron. Critique de la politique d’ouverture des frontières aux migrants en 2015, il entend aussi faire faire revenir dans le giron de la CDU les électeurs partis à l'extrême-droite.

Son élection est une étape importante dans le processus de reconstruction de la CDU, laminée par le départ d'Angela Merkel. L'élection de Friedrich Merz à la tête du parti doit encore être confirmée par un congrès du parti en début d'année. Il semble déjà acquis qu'il briguera alors la tête de son groupe parlementaire, un poste capital dans la démocratie allemande, et une revanche personnelle pour celui qui en avait été évincé par l'ancienne chancelière.