Publié le 03/01/2022
Le président Joe Biden, Washington, 10 février 2021

Laurence NARDON

Un an après l’investiture de Joe Biden, le 20 janvier 2021, un premier bilan peut être proposé. Son programme était ambitieux et sa mise en œuvre est rendue difficile, en particulier du fait des divisions au sein du Parti démocrate. Quant à l’opposition républicaine, elle reste fortement sous l’influence de Donald Trump.

La bipolarisation persistante rend difficile tout pronostic pour les prochaines élections. Il est cependant possible qu’en 2022, les démocrates perdent la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants.

Joe Biden est arrivé au pouvoir en janvier 2021 avec deux promesses principales : apaiser et réconcilier le pays après quatre ans de psychodrame et d’incompétence au plus haut sommet de l’administration fédérale, orchestrer le retour du rôle redistributif de l’État dans l’intérêt des classes moyennes américaines. On peut ajouter un troisième engagement : rétablir la crédibilité morale des États-Unis sur la scène internationale.

Il est sans doute injuste de dresser si tôt un bilan de sa présidence. Mais, déjà, se profilent les élections de mi-mandat de novembre 2022. Compte tenu de l’impopularité du Président dans les sondages actuels, il n’est pas impossible qu’elles voient le Sénat voire la Chambre des représentants repasser du côté républicain. Les réformes du Président, dont l’adoption est si délicate depuis un an, deviendraient tout à fait impossibles à faire voter par le Congrès. L’essentiel du travail législatif de cette administration est donc peut-être déjà accompli.

Surtout, Biden doit faire tant de concessions à ses différentes oppositions (il est vrai que l’art du compromis est l’une des forces du Président, qui fut sénateur pendant trente-six ans) qu’il n’est pas évident de déterminer la ligne de son action jusqu’à présent. Il est donc pertinent de faire le point sur les réalisations de son administration depuis janvier 2021.

Un grand projet social : le plan Build Back Better

De fait, le projet initial de Biden était ambitieux. Pendant la campagne de 2020, ses équipes, plutôt centristes, avaient mis en place des groupes de travail avec l’aile gauche du parti sur un certain nombre de thèmes. Il ne s’agissait pas seulement de récupérer les voix des électeurs progressistes, mais aussi de construire un vrai programme de compromis. Ainsi, pour ce qui est de la politique intérieure, le projet démocrate pour 2020 s’organisait autour d’exigences très à gauche dans le contexte américain. Regroupés sous la bannière du « Plan pour reconstruire mieux » (Build Back Better Plan), les programmes de relance économique, d’investissement massif dans les infrastructures, dans les dispositifs d’aide aux familles et dans la lutte contre le changement climatique consacraient la rupture avec l’ère du libéralisme économique reaganien et la volonté de remettre en route l’ascenseur social aux États-Unis.

 

Plan de l'article

  • Un grand projet social : le plan Build Back Better
  • Le Parti démocrate divisé
  • L’insoluble crise migratoire
  • Une majorité de républicains trumpistes
  • L’enjeu du droit de vote
  • Les enjeux sociétaux, un thème de campagne
  • La menace chinoise, un principe unificateur
  • Biden : bilan et perspectives

 

Article paru dans la revue Etudes [1], janvier 2022 (accès payant)