Publié le 29/09/2021
AUKUS

Marc JULIENNE

L’annonce de la nouvelle alliance AUKUS, et en particulier la décision d'exporter des sous-marins à propulsion nucléaire (SNA), a suscité des réactions mitigées parmi les partenaires des Etats-Unis en Asie orientale.

Ces réactions se traduisent en grande partie par deux approches concurrentes : renforcer la suprématie militaire face à une Chine de plus en plus agressive d'une part (Japon, Taiwan, Corée du Sud, Philippines, Vietnam, Inde), et tenter d'éviter le fameux "piège de Thucydide" d'autre part (Indonésie, Malaisie, Singapour).

La vision française et européenne de l'Indo-Pacifique, qui consiste à renforcer la coopération et le dialogue avec les alliés et les partenaires afin de faire face aux menaces croissantes dans la région sans suivre aveuglément et inconditionnellement les Etats-Unis sur leur chemin risqué contre la Chine, n'est donc pas aussi isolée que certains le disent.

Cette nouvelle alliance alimente en outre la rhétorique de Pékin. Elle renforce d’abord l’argumentaire chinois selon lequel les États-Unis n’hésitent pas à laisser de côté leurs alliés quand ils n’en ont plus besoin. Elle galvanise ensuite le discours nationaliste et victimaire du Parti communiste, qui se dit menacé par Washington, et justifie ainsi aux yeux de Pékin son aventurisme extérieur.

Enfin, la simple déclaration de l’alliance AUKUS a eu un effet performatif sur les équilibres stratégiques dans l'Indo-Pacifique. Même si le rapport de force militaire dans la région ne changera pas radicalement de sitôt, la Chine va immédiatement mettre à jour sa stratégie pour anticiper de futurs scénarios défavorables.

A long terme, les SNA australiens sont peut-être une bonne nouvelle pour l'Indo-Pacifique, mais à court et moyen terme, cette décision ne fera qu'exacerber les tensions et accroître la volatilité dans la région.

 

Ce contenu est disponible en anglais uniquement : AUKUS Rocks the Boat in the Indo-Pacific, and It's Not Good News [1]