Publié le 22/02/2022
Biden signant un décret présidentiel sur l'économie, Washington, Etats-Unis, 24 février 2021

Mathilde VELLIET

La politique de fermeté envers la Chine adoptée par les administrations Trump et Biden a – et aura de plus en plus – des conséquences importantes pour les alliés de Washington sur le plan technologique, tant dans leurs choix en matière d’infrastructures (5G, câbles sous-marins...) que dans leurs échanges commerciaux avec la Chine.

En effet, l’objectif américain de ralentissement du développement technologique chinois se décline en multiples politiques, visant en priorité la Chine mais aussi – directement ou indirectement – les pays partenaires des États-Unis.
 
D’une part, Washington déploie une panoplie d’outils coercitifs et incitatifs afin d’empêcher l’adoption par les alliés de certaines technologies, fournies par des entreprises chinoises et jugées non fiables (sur le plan cyber, des données ou de sécurité des infrastructures). Les cas d’étude des efforts américains contre le déploiement de la 5G de Huawei ou des câbles sous-marins d’Hengtong Group révèlent une stratégie semblable, combinant pression diplomatique directe, campagne de « sensibilisation aux menaces » et incitations financières.
 
D’autre part, dans la continuité de l’utilisation historique par les États-Unis de leur position de superpuissance économique et de l’extraterritorialité de leur droit pour influer sur les décisions de leurs alliés, Washington s’emploie à restreindre les transferts de technologies jugées critiques des alliés vers la Chine. Principaux fabricants (avec les États-Unis) de ces technologies, les alliés sont de plus en plus contraints par ces restrictions juridiques et diplomatiques, qui s’appliquent à des échanges avec un partenaire commercial majeur, et dont le périmètre tend à s’étendre au-delà des technologies militaires ou de pointe. Par exemple, afin de limiter les ventes d’équipements de fabrication des semi-conducteurs, les autorités américaines conjuguent modification de leur régime de contrôle des exportations et efforts diplomatiques – en bilatéral et multilatéral – pour persuader les alliés d’aligner leurs propres politiques en la matière sur celles des États-Unis.
 
Si l’administration Biden accorde davantage d’importance aux démarches coopératives et incitatives, il semble probable que la stratégie multidimensionnelle américaine au service de ces deux objectifs se poursuive, voire se renforce.
 
Cette tendance a favorisé une prise de conscience en Europe à la fois des défis sécuritaires posés par certaines technologies proposées par des fournisseurs chinois, mais aussi des risques associés aux pratiques coercitives croissantes des grandes puissances, posant la question de la réponse des alliés à cette politique américaine.