Publié le 11/02/2022

Isabelle LASSERRE, article paru dans le Figaro

- Malgré les craintes au sujet des tensions dans la région, Washington ne veut pas s’engager militairement.

La «désescalade» espérée par la France n’est pas encore d’actualité.

«L’augmentation des forces et des équipements russes continue. Pour l’instant, le renforcement se fait à un rythme modéré, mais il pourrait rapidement s’accélérer», prévient Dmytro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, à l’occasion d’une visioconférence organisée par l’Ifri. 

«L’Ukraine est désormais presque coupée de la mer d’Azov et de la mer Noire», ajoute Dmytro Kuleba, qui s’inquiète de la simultanéité de ces événements. Ce blocus économique et militaire, qui immobilise les bateaux ukrainiens dans les ports, se renforce chaque jour. «Heureusement que la France avait finalement renoncé à vendre ses navires Mistral à la Russie! Avec de tels bâtiments, les Russes auraient pu bloquer les mers de façon invisible, alors que là il leur faut quand même déplacer la flotte», explique Oleksiy Karan, de la Fondation pour l’initiative démocratique.

 

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Vladimir Poutine n’en a pas fait mystère. Il espérait qu’Emmanuel Macron et le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui se rendra à Moscou le 15, fassent pression sur les autorités ukrainiennes pour qu’elles appliquent les accords de Minsk, si favorables à la Russie qu’ils mèneraient à une déstabilisation de l’Ukraine, grâce aux pouvoirs d’influence qu’auraient les séparatistes pro-russes du Donbass sur la politique ukrainienne. Les autorités de Kiev, pour l’instant, ne plient pas.

«La paix peut s’obtenir par des compromis mais en aucun cas par des concessions unilatérales», prévient Dmytro Kuleba. Pas question pour lui de faire de l’Ukraine une «zone tampon». «Nous ne sommes pas des intermédiaires, mais une partie de l’Occident!» dit-il.

L’Ukraine doit aussi s’armer: «Quand on vit dans un quartier où sévit un maniaque en série, il vaut mieux avoir son Taser dans la poche plutôt qu’au magasin», lance-t-il. En attendant, le ballet diplomatique se poursuit entre Occidentaux, Russes et Ukrainiens. Mais Dmytro Kuleba aimerait que les Européens cessent de regarder l’Ukraine «à travers le prisme de leurs relations avec la Russie». «Le regard brumeux, dit-il, n’est plus efficace.»

 

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