Publié le 23/02/2022
Emmanuel Macron et Kyriakos Mitsotakis en janvier 2020 à Paris

Dorothée SCHMID, Elisa DOMINGUES DOS SANTOS

L’accord bilatéral de défense franco-grec signé en septembre 2021 confirme la tournure stratégique de la relation entre les deux pays, déjà révélée au grand jour en 2020 lorsque Paris s’était rangé du côté d’Athènes pour contrer des manœuvres maritimes turques perçues comme très hostiles.

Il confirme que la relation bilatérale avance vers un nouvel équilibre. La Grèce, sortie de la crise financière et politique, devient pour la France un partenaire intéressant à la fois sur le plan économique et diplomatique ; l’investissement d’Emmanuel Macron sur ce pays renforce une option méditerranéenne que l’on a vu se dessiner tout au long du mandat du président français. De l’autre côté, Paris constitue un parrain naturel pour une Athènes en quête de réassurance, désireuse de sortir du tête-à-tête obsessionnel avec la Turquie, et dont la diplomatie s’ouvre à de nouvelles opportunités au-delà de son périmètre immédiat.

Présenté comme une contribution à l’autonomie stratégique européenne, le partenariat franco-grec s’insère aussi parfaitement dans l’agenda de la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) au premier semestre 2022. L’option franco-grecque soulève cependant des questions, aussi bien à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) – la clause d’assistance mutuelle qu’il contient (Art. 2) visant implicitement Turquie, qui a condamné l’accord –, qu’au sein de l’UE – l’Allemagne s’étant également montrée critique. La portée stabilisatrice de l’accord peut ainsi être discutée, dans une région en proie à des recompositions conflictuelles très volatiles.