Publié le 28/02/2022

Matthieu TARDIS, cité par Isabelle Ory pour L'Express

Combien, parmi les 44 millions d'Ukrainiens, fuiront les bombes de l'armée russe ? Personne, à Bruxelles, n'ose de pronostic précis. Jusqu'à 5 millions de personnes pourraient chercher refuge au-delà des frontières de l'Ukraine, estime le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies. Pour beaucoup, la destination sera l'Union européenne (UE), toute proche.

Dès les premières heures du conflit, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie ont ouvert les bras aux Ukrainiens. “L’Europe de l’Est sait qui elle a comme voisin, les pays étaient très préparés et l’histoire leur a appris à être prudents”, salue un ministre d’Europe de l’Ouest. Un diplomate bruxellois relativise tout de même : “L’accueil des migrants blancs et chrétiens semble pour certains plus facile que celui des Syriens ou des Afghans musulmans…”

La Pologne prévoit plus d’un million de réfugiés

Ceux qui avaient déjà quitté l’Ukraine au début du conflit avaient des liens en Europe – famille ou amis. Selon le gouvernement polonais, seuls 10 % des arrivants avaient besoin d’un logement. La Roumanie estime également que la moitié des personnes arrivant à ses frontières sont déjà parties vers un autre pays. Selon la Commission, la diaspora ukrainienne est particulièrement présente en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie, en République tchèque et bien sûr en Pologne, qui pourrait voir un afflux de plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants.

Les institutions européennes, notamment à travers l’agence des gardes-frontières Frontex et l’agence pour l’asile, sont prêtes à offrir leur aide. Dans les couloirs de Bruxelles, certains craignent que des criminels ou des Russes aux intentions troubles puissent entrer dans l’UE sans contrôle. A ce stade, les pays de l’Est entendent pourtant gérer la situation par leurs propres moyens : Varsovie ou Budapest, en froid avec Bruxelles avant la crise, voudraient démontrer à leurs populations qu’elles peuvent se débrouiller sans aide communautaire.

Malgré tout, les ministres de l’intérieur de l’Union européenne planchent déjà sur des mesures à moyen terme. Les Ukrainiens qui ont un passeport biométrique sont légalement dispensés de visa pour entrer sur le territoire européen, ils peuvent donc y séjourner et s’y déplacer légalement pendant quatre-vingt-dix jours. Mais “il faut être prêt pour le 91e jour et pour des flux plus importants”, prévient la commissaire Ylva Johansson.

Soutenue par Gérald Darmanin, qui préside le Conseil des ministres européens de l’Intérieur, elle a proposé d’activer la protection temporaire, un dispositif prévu depuis 2001 et jamais utilisé jusqu’à présent.

  • “Adoptée après les guerres en Yougoslavie puis au Kosovo, cette directive permet de faire face à ce type de situation”, pointe le chercheur Matthieu Tardis, directeur du Centre migration et citoyenneté à l’Institut français des relations internationales.

[...]

Lire la suite de l'article sur le site de L'Express [1]