Publié le 02/03/2022

Tatiana KASTOUEVA-JEAN, invitée dans "C dans l'air" sur France 5

Malgré les pressions de la communauté internationale, l’offensive russe en Ukraine se poursuit. Débutés il y a une semaine, les combats s’intensifient à Kharkiv. La deuxième ville du pays est prise dans l’étau russe et la cible de violents bombardements qui n’épargnent pas les civils. 

"Pratiquement, il ne reste plus une zone à Kharkiv où un obus d’artillerie n’a pas encore frappé", a affirmé un proche du ministre ukrainien de l’Intérieur. Des bombardements avaient déjà eu lieu hier dans le centre, faisant au moins dix morts et plus de 20 blessés, selon les autorités locales. Une attaque qualifiée de "crime de guerre" par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Des troupes aéroportées russes y ont débarqué la nuit dernière, resserrant encore un peu plus l’emprise sur la cité. Face à un bilan humain qui pourrait très vite s’alourdir, l’Assemblée générale de l’ONU est appelée aujourd’hui à voter un projet de résolution destiné à condamner la Russie.
 
L'armée russe a également affirmé ce matin s'être emparé de la ville portuaire ukrainienne de Kherson, située au sud du pays, près de la péninsule de Crimée, après des combats acharnés ces dernières heures.
Face à l'invasion de leur pays, les volontaires ukrainiens tentent de retarder l'avancée des troupes. La ville de Jitomir, grande garnison au nord-ouest du pays, s'attend à une offensive d’ampleur de l’armée russe et se prépare pour se défendre. La capitale Kiev vit, elle, toujours dans l’angoisse, alors qu’un immense convoi militaire russe est toujours en approche. Hier, une lourde frappe russe a visé la tour de télévision, entraînant l’interruption de la diffusion des chaînes et provoquant la mort d’au moins cinq personnes, selon le ministère ukrainien de l’Intérieur.
 
Dans la tempête, le président Volodymyr Zelensky change de dimension. Il se révèle avoir la stature d’un homme d’État déterminé et courageux. Une véritable métamorphose pour l’ancien humoriste devenu président à la surprise générale. Ces déclarations choc : "J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi", et son souhait de rester se battre en Ukraine plutôt que de prendre la fuite ont donné de lui l’image d’un vaillant résistant. Il est désormais vu comme un héros dans son pays, comme en Occident. Sa communication très bien ciselée semble lui avoir d’ores et déjà fait gagner la bataille des images, malgré la propagande du Kremlin. Hier à l’issue de son allocation face aux eurodéputés, il a reçu une standing ovation de l’assemblée. Le président français Emmanuel Macron, tout comme son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian saluent le sang-froid du président Ukrainien.
 
De l’autre côté de l’Atlantique, un discours était très attendu hier. Il s’agissait du premier discours sur l’état de l’Union du président américain Joe Biden. Comme de coutume, la politique intérieure américaine a occupé l’essentiel de ce traditionnel discours annuel mais le président américain a ouvert son allocution avec la situation en Ukraine. Très attendu sur la politique internationale et le conflit russo-ukrainien il s’est montré offensif à l’endroit du président russe : "Vladimir Poutine pensait que l’Occident et l’Otan ne répondraient pas". Mais "Poutine avait tort", "nous sommes prêts, nous sommes unis", a-t-il martelé, appelant le Congrès américain à offrir une ovation debout en soutien "au peuple ukrainien" qui "n’a peur de rien". Selon lui Poutine est maintenant "plus isolé que jamais du reste du monde (…) Quand l’histoire de cette période sera écrite, la guerre de Poutine sur l’Ukraine aura laissé la Russie plus faible et le reste du monde plus fort".
 
Combien de temps Kiev va-t-elle tenir ?Volodymyr Zelensky a-t-il déjà gagné la guerre de la communication ?Que vont faire les États-Unis dans la suite de ce conflit ?
 

Invités :

- Général Vincent Desportes, ancien directeur de l’École de guerre. Professeur de stratégie à Sciences Po

 - François Clémenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche

- Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du Centre Russie / NEI - IFRI

- Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis

 

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