Publié le 03/03/2022

Paul MAURICE, interviewé par Alix Coutures dans Challenges

Le chancelier Olaf Scholz a annoncé un fonds spécial de 100 milliards d’euros et un investissement de plus de 2% de son PIB pour moderniser son armée. Une annonce « historique », selon Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri) spécialiste de la politique étrangère et de sécurité de l’Allemagne, mais qui soulève des enjeux politiques importants. 

« Le monde d’après ne sera plus jamais le même que le monde d’avant », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz dimanche 27 février.  Avec un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser une armée sous-équipée et un investissement de plus de 2% dans la Défense, l’Allemagne amorce un tournant à 180 degrés. Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri) spécialiste de la politique étrangère et de sécurité de l’Allemagne, s’interroge toutefois sur la stratégie militaire de l’Allemagne, après des années de neutralité.  

 

Challenges - En quoi le revirement militaire de l’Allemagne est-il historique ? 

Paul Maurice - Il l’est d’abord par sa forme. Pour la première fois dans l’histoire, le Bundestag a siégé un dimanche, lors de la session extraordinaire tenue par Olaf Scholz. Ensuite l’annonce du chancelier allemand signe un véritable tournant en raison des moyens considérables alloués à la Bundeswehr, l'armée allemande. Le fonds spécial de 100 milliards d’euros pour aider à la modernisation de l’armée, soit plus du double du budget militaire annuel de l’an dernier (qui s’est élevé à 47 milliards d’euros, ndlr), est considérable. L’enveloppe « exceptionnelle », à débloquer immédiatement en plus du budget traditionnel est d’autant plus surprenante qu’elle a été annoncée par Olaf Scholz. Ancien ministre des Finances sous Angela Merkel, il est habituellement très précautionneux sur les questions budgétaires. De plus, le fonds spécial sera inscrit dans la Constitution allemande, ce qui montre qu’il s’inscrit dans la durée et qu’il ne s’agit pas d’un effet d’annonce.

 

Le chancelier allemand a promis d’investir plus de 2% du PIB alloué à la Défense. Pourquoi est-ce inédit ? 

L’Allemagne avait résisté jusqu’ici aux pressions des Etats-Unis et de ses alliés, lui demandant de porter à 2% du PIB son effort en matière de défense. Le pays consacrait jusqu’ici 1,53% de son PIB aux dépenses militaires, ce qui est important au regard de sa puissance économique. Par ailleurs, les déclarations ont été doublées d’un revirement sur les exportations d’armes (1.000 lance-roquettes, 500 missiles Stinger, 14 véhicules blindés seront envoyés à l’Ukraine, ndlr) alors que depuis la Seconde Guerre mondiale, la position officielle du pays était de ne pas livrer d’armes létales dans les zones de conflit. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pressions exercés par l’Otan et le retrait progressif des Américains en Europe depuis Obama l’ont fait changer de cap. 

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