Publié le 14/03/2022

Hans STARK

Le gouvernement allemand a longtemps hésité à prendre position face à la crise entre la Russie et l’Ukraine. Il a refusé de remettre en question le projet de mise en service de Nord Stream 2 et d’approvisionner l’Ukraine en armes.

Cette attitude était certainement motivée par la crainte d’une baisse sensible de l’approvisionnement d’énergie et d’une nouvelle hausse de l’inflation. En outre, Berlin ne voulait pas non plus mettre en péril le dialogue avec le Kremlin, dans l’espoir de ne pas compromettre les accords de Minsk de 2014 et 2015. Berlin ne s’attendait certainement pas non plus à une invasion de l’Ukraine par les troupes russes, en tout cas pas au-delà de la région du Donbass. L’invasion russe de l'Ukraine à partir du 24 février 2022 et le bombardement de villes ukrainiennes par l’armée russe dans le but de renverser le gouvernement ukrainien librement élu ont eu un impact massif sur le gouvernement fédéral. Un changement complet de paradigme a été amorcé à Berlin. Cela concerne l’aide militaire à l’Ukraine, la politique énergétique et surtout la politique de défense allemande. Les dépenses pour l’armée allemande vont augmenter massivement à partir de cette année. Le budget de la défense dépassera 2 % du produit intérieur brut. La politique étrangère et de sécurité allemande est entrée dans une nouvelle réalité et Berlin s’y adapte.

 

Hans Stark est Professeur de civilisation allemande à Sorbonne Université et conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

 

Cet article est paru dans le numéro de la revue Allemagne d'aujourd'hui, n° 239, janvier-mars 2022 [1] (pages 3 à 16), intitulé "La politique climatique allemande. Comment rattraper le temps perdu ?", co-dirigé par Judith Nora Hardt, Sébastien Vannier, Ulrike Zeigermann.