Publié le 19/03/2022

Julien NOCETTI, cité par Anne Cagan pour L'Express

Pour saper son armée et son économie, les Occidentaux cessent de vendre certains produits stratégiques à la Russie.

 
 

"Renvoyer la Russie à l'âge de pierre" en lui coupant l'accès aux technologies de pointe. Voilà ce que Garry Kasparov recommande pour faire plier Vladimir Poutine. En exil depuis 2013 et désormais activiste, l'ancien champion du monde d'échecs n'a visiblement rien perdu de son esprit tactique : les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont d'ailleurs fait le même calcul que lui.  

Si les sanctions financières prises par Washington et Bruxelles ont monopolisé l'attention, les deux puissances ont en effet aussi adopté, dès l'entrée des premiers tanks russes en Ukraine, une série de sanctions technologiques plus discrètes, mais qui feront très mal à Moscou. L'arme la plus tranchante de cet arsenal ? C'est bien sûr l'approvisionnement de la Russie en semi-conducteurs, qui va être drastiquement restreint. Les puces électroniques sont le coeur battant des machines que nous utilisons au quotidien (ordinateurs, avions, équipements industriels...) Leur bon fonctionnement et leur renouvellement régulier sont vitaux au fonctionnement de pans entiers de nos économies. 

Or la Russie dépend beaucoup de pays tiers, notamment des Etats-Unis, qui détiennent des brevets stratégiques dans ce domaine. Le super-ordinateur de rang mondial que le Google russe, [1]Yandex, se targue de posséder utilise ainsi des composants des américains AMD et Nvidia.

"Et les deux producteurs locaux Baikal Electronics et MCST fabriquent des puces basées sur l'architecture britannique ARM", pointe Julien Nocetti, chercheur associé au Centre Russie/NEI et au programme Géopolitique des technologies de l'Institut français des relations internationales (Ifri).  

Les télécoms de la Fédération vont également souffrir. Dans ce secteur aussi, Washington et Bruxelles ont considérablement limité le type de produits pouvant être exportés dans les usines russes. Les géants nordiques Nokia et Ericsson, avec lesquels les opérateurs locaux ont plusieurs contrats, ont immédiatement stoppé leurs ventes le temps d'analyser les restrictions à mettre en place. Il est néanmoins peu probable qu'ils rouvrent le robinet tant que le conflit durera. Or la Russie n'a guère d'alternative. 

 

> L'article en intégralité sur L'Express [2]