Publié le 25/03/2022

Nathalie GUIBERT, article dans Le Monde qui cité la conférence de l'Ifri

Pékin va signer un accord autorisant la présence de forces armées aux Salomon, le premier du genre dans le Pacifique.

La nouvelle a suscité « une onde de choc » à Canberra et dans la région Pacifique, a affirmé un présentateur de la télévision australienne ABC, jeudi 24 mars. Des policiers et des militaires chinois pourront bientôt être basés aux îles Salomon, selon un projet d’accord sécuritaire discuté avec Pékin, dont l’agence Reuters a révélé le contenu. L’accord doit encore être validé par le gouvernement, ont souligné les autorités d’Honiara.

Le petit Etat archipel des Salomon, 700 000 habitants, en Mélanésie, occupe une place centrale sur la ligne de front entre les Etats-Unis et la Chine dans la vaste région océanique.

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Washington prévoit d’ouvrir une ambassade aux Salomon. En février, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’était rendu aux Fidji, la première visite de ce niveau depuis quarante ans. En Micronésie, plus au nord, les îles Marshall, Nauru, et Palau, qui reconnaissent Taïwan, sont des cibles de Pékin couvées par Washington. La rivalité sino-occidentale mêle le soft et le hard power (coercition ou manière forte). Pour venir au secours des Tonga, dévastées par une éruption volcanique en janvier, les uns et les autres ont rivalisé de moyens, y compris militaires.

Les stratèges américains ont en mémoire la bataille de Guadalcanal, tournant de la guerre contre les Japonais, en 1943. Les Européens prêtent de nouveau attention à ce front du Pacifique. « La région a la mémoire longue des changements géopolitiques, depuis la période coloniale, les deux guerres mondiales, la guerre froide, et la période actuelle », a rappelé, le 10 mars, Cleo Paskal, chercheuse de l’institut Chatham House de Londres, à l’occasion du lancement d’un programme de recherches que va conduire l’Institut français des relations internationales (IFRI) avec la Communauté du Pacifique [1]. « Le reste du monde peut avoir oublié leur importance stratégique, mais les leaders de la région, jamais. » Menacés par le changement climatique et la prédation des ressources, ces derniers sont confrontés à des décisions difficiles.

Cleo Paskal explique que Pékin a produit « un effort exponentiel depuis vingt ans » pour gagner en influence dans les îles du Pacifique. Il a porté ses fruits « de diverses manières, avec l’obtention d’exemptions de visas, des adhésions au projet des “routes de la soie”, des pays qui ont changé leurs relations diplomatiques en faveur Pékin, des coopérations avec la police chinoise aux Fidji, aux Samoa, aux îles Cook, au Vanuatu, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Et maintenant aux Salomon ».

La géographie explique au premier chef cette vaste entreprise : pour que la marine de guerre chinoise s’émancipe des chaînes d’îles qui ceinturent le pays, elle doit trouver des ports et des bases.

Lire l'intégralité de l'article sur le site du Monde [2].