Publié le 21/06/2022

Marc JULIENNE

L’Union européenne (UE) a opéré une profonde reconfiguration de sa politique à l’égard de la République populaire de Chine (RPC) ces dernières années. Celle-ci s’est opérée de manière très progressive et pour satisfaire d’abord des intérêts économiques. Les bouleversements de l’année 2020 et l’arrivée à la Maison-Blanche de l’administration démocrate semblent avoir précipité cette reconfiguration en mettant au centre de la relation sinoeuropéenne les intérêts et valeurs politiques, face à une Chine de plus en plus coercitive en interne comme sur la scène internationale.

L’UE et la plupart de ses États membres ont opéré une profonde reconfiguration de ses relations avec la RPC, privilégiant une politique plus exigeante pour la préservation de ses intérêts économiques et stratégiques autant que de ses valeurs. C’est d’abord la désillusion des uns quant aux attentes économiques, et la crainte des autres quant au risque d’ingérence et de promotion par Pékin de son modèle politique en Europe, qui ont oeuvré au renforcement du consensus. Puis, du fait de sa dérive autoritaire intérieure, de son manque de transparence sur l’origine du virus et de sa posture diplomatique agressive, Pékin a précipité cette transition, aidé par le retour des Américains dans le jeu international.