Publié le 11/10/2004

Eddy FOUGIER

L’altermondialisme fait souvent la ' une ' de l’actualité. Il n’en est pas moins un phénomène relativement peu connu car, environ une décennie après l’apparition des premiers mouvements de contestation de la mondialisation, les mêmes questions sont posées à son propos : qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Quels sont leurs objectifs politiques ? Quelle est leur alternative ? Sont-ils dangereux ? Incarnent-ils le mouvement d’émancipation du XXIème ?

L’objet de cet ouvrage est de tenter d’y répondre et de donner des clefs de compréhension de ce qu’est la mouvance altermondialiste. Il est construit autour de huit chapitres qui essaient d’aborder l’ensemble des questions que l’on se pose à propos de l’altermondialisme. Le premier tente de définir ce qu’est l’altermondialisme (De l’altermondialisme). Même si l’altermondialisme tend de plus en plus à se transformer en mouvement de contestation ' attrape-tout ', il peut tout de même se définir comme une mouvance d’organisations de la société civile rejetant la mondialisation dans sa forme ' néolibérale ' actuelle et aspirant à une ' autre mondialisation '. Le second chapitre montre que l’altermondialisme est d’abord un phénomène local avant d’être global (Du global au local). En effet, l’altermondialisme est certes un phénomène transnational, mais il s’inscrit d’abord dans un contexte local car les débats sur la mondialisation ou les réactions à l’altermondialisme s’appuient en premier lieu sur des problématiques locales. Le troisième chapitre définit une typologie des différents groupes altermondialistes (Les mouvements altermondialistes). Au-delà des organisations les plus connues, celles-ci apparaissent extrêmement diverses. Elles peuvent être classées en quatre catégories : les groupes radicaux, les mouvements sociaux, les organisations non gouvernementales (ONG) et les ' organisations de vigilance citoyenne '.

Le quatrième chapitre expose quels sont leurs objectifs politiques (Changer le monde sans prendre le pouvoir). Les mouvements altermondialistes ne sont pas révolutionnaires au sens marxiste-léniniste du terme. Ils ne cherchent pas non plus à prendre le pouvoir. Ils aspirent plutôt à changer la société par la création d’espaces alternatifs et par une mutations des valeurs. Le cinquième chapitre étudie les alternatives qu’ils proposent (L’autre mondialisation). Ils entendent transformer le système économique global en vue d’instaurer une ' autre mondialisation '. Il convient néanmoins de parler d’' alternatives ' au pluriel tant les différences sont nombreuses entre réformistes, pro-régulation, pro-déglobalisation, alternatifs et anti-impérialistes. Le sixième chapitre aborde les dérives qui leur sont le plus souvent reprochées : la violence et l’antisémitisme (Perceptions et réalité : altermondialisme, violence et antisémitisme). Les mouvements altermondialistes sont souvent perçus comme des mouvements violents et aujourd’hui nourrissant un nouvel antisémitisme. L’analyse des faits indique qu’il s’agit-là de dérives plutôt marginales. Elles peuvent néanmoins conduire à gravement nuire à leur crédibilité.

Enfin, les deux derniers chapitres essaient d’appréhender le sens profond de l’altermondialisme (Entre résistance et post-modernisme) et d’évaluer dans quelles mesure celui-ci pourrait devenir le mouvement d’émancipation du siècle présent (Mouvement d’émancipation du XXIème siècle ?). L’apparition et le caractère relativement durable de la mouvance altermondialiste peut s’expliquer par le fait que celle-ci est avant tout un vaste mouvement de réaction et de résistance, plus précisément face à un double ' choc ' : celui de la crise fondamentale que traverse les mouvements progressistes et celui que provoque la mondialisation pour nombre de sociétés. Certains altermondialistes commencent cependant à se demander si l’altermondialisme pourrait devenir Le grand mouvement d’émancipation comme a pu l’être en son temps le mouvement communiste. Les contradictions de l’altermondialisme, ainsi que ses déficits en termes de globalité, de crédibilité et surtout de popularité conduisent, dans l’état actuel des choses, à en douter sérieusement. L’hypothèse la plus vraisemblable pour le moment est que l’altermondialisme suive l’exemple de l’écologisme, les principaux mouvements politiques et sociaux finissant par récupérer ses idées et par marginaliser ces groupes, alors tentés par une radicalisation ou une normalisation.