Publié le 15/11/2022
Manifestation près du Capitole après le meurtre de Mahsa Amini. Washington, DC - 22 octobre 2022

Sylvain GAILLAUD

Les relations entre les Etats-Unis et la République islamique restent marquées par l’histoire. Côté iranien, le renversement du Premier ministre Mohammad Mossadegh en 1953 pèse lourdement dans la perception des Etats-Unis. Côté américain, les événements liés à la révolution islamique de 1979 sont encore un traumatisme après plus de quarante ans. La conclusion d’un accord encadrant le développement nucléaire iranien, dit Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) en juillet 2015 constituait la première étape d’une éventuelle réconciliation. Las, elle se trouva interrompue par le retrait des Etats-Unis de l’accord et l’application d’une politique de « pression maximale » par l’administration Trump  en 2018.  

Les négociations avaient repris avec l’arrivée de l’administration Biden, mais elles se sont heurtées, côté Etats-Unis, à l’opposition de nombreux élus du Congrès et, côté iranien, à celle du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).  

Des développements importants sont intervenus depuis l’été 2022. D’une part, le gouvernement iranien a maintenu des exigences inacceptables pour les autres négociateurs (membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne), faisant douter de sa volonté réelle de ressusciter le JCPOA. Aux Etats-Unis, les questions iraniennes étaient pourtant restées soigneusement ignorées pendant la campagne pour les élections de mi-mandat, afin de ne pas gêner l’avancée des discussions. Le vaste mouvement de contestation populaire qui a suivi le meurtre de Mahsa Amini le 16 septembre (et qui se poursuit à l’heure actuelle) a renforcé l’inflexibilité du gouvernement de Téhéran. Mi-octobre, l’Union européenne déclarait les négociations totalement interrompues.  

Côté américain, l’heure est désormais au raidissement. Washington œuvre pour garantir la liberté d’expression iranienne sur Internet et renforce sa politique de sanctions. De son côté, le gouvernement iranien cherche désormais à bénéficier du soutien de la Russie en se montrant de plus en plus actif sur le théâtre ukrainien.  

A l’automne 2022, la réconciliation entre Washington et Téhéran semble de plus en plus improbable.