Publié le 17/11/2022

Elie TENENBAUM, invité de l'émission "La question du jour" par Guillaume Erner sur France culture. 

Comment préparer les armées à la possibilité d’un conflit de grande ampleur ? Mardi 15 novembre 2022, l’état-major français a confirmé la mise en œuvre d’un exercice militaire à grande échelle, au premier semestre 2023. Un exercice qui devrait mobiliser près de 20 000 militaires au total – des militaires français et de pays alliés. Comment est mené ce type d’exercice, qui n’avait pas eu lieu depuis la fin de la guerre froide et dont l’intérêt est réactivé par le contexte international ?

Guillaume Erner reçoit Elie Tenenbaum, directeur du Centre des Études de Sécurité de l'IFRI, co-auteur avec Marc Hecker de « La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle », ed. Robert Laffont (2021).

Que représente l’exercice Orion ?

Comme l’explique Elie Tenenbaum, cet “exercice consiste à tester l’hypothèse d’engagement majeur qui fait partie des contrats opérationnels des armées” car “le contexte de la guerre en Ukraine rend à nouveau plus probable, en tous cas plus envisageable, ce type de conflit de haute intensité face à un adversaire étatique, et donc appelle le besoin de s’entraîner”.

L’exercice a une double fonction, utile et stratégique, rappelle le directeur du Centre des Études de Sécurité de l'IFRI : “c’est utile parce que s’entraîner à ce niveau de complexité, les armées n’en ont pas l’habitude ; et c’est stratégique d’un point de vue politique, car cela envoie un message à des alliés : “regardez ce que nous sommes capables de faire”. Mais c’est un message envoyé également à des compétiteurs, à des adversaires potentiels.”

L’OTAN et l’arme nucléaire, deux garde-fous pour la France

“Même si l’hypothèse d’un conflit semblable à celui auquel est confronté l’Ukraine est de plus en plus concrète, possible et envisagée”, la France a deux raisons de ne pas se retrouver dans une situation similaire à l’Ukraine souligne Elie Tenenbaum : L'OTAN et l’arme nucléaire.

En effet, avance l’historien : ”l’OTAN signifie que nous ne serons pas seuls, la France ne sera jamais seule face à une agression comme celle à laquelle l’Ukraine a dû faire face. Et l’arme nucléaire, garantit que les intérêts vitaux de la nation française sont couverts par des capacités d’une nature fondamentalement différente de celle des armées conventionnelles qui vont se déployer dans le cadre d’Orion. C’est une capacité de dissuasion que n’avait évidemment pas l’Ukraine.”

Par ailleurs, en reprenant l’exemple du conflit du Kargil en 1999 entre l’Inde et le Pakistan, le directeur du Centre des Études de Sécurité de l'IFRI explique que “la possession de l’arme nucléaire ne dissuade pas de faire la guerre. En revanche, elle va fondamentalement limiter la nature du conflit tant qu’elle fonctionne.”

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