Publié le 28/11/2022

Marc JULIENNE, interrogé par Caroline Lavaine-Talaszka pour Le Parisien

La vague de contestation contre le régime chinois qui se fait entendre depuis ce week-end est un mouvement « inédit », estime Marc Julienne, chercheur en charge de la Chine à l’Ifri. Deux évènements ont fait office de détonateurs selon lui : l’incendie d’Urumqi, qui a fait 10 victimes le 24 novembre, et les images de supporters sans masques à la Coupe du monde 2022.

Le phénomène de contestation qui s’installe depuis ce week-end en Chine, contre la politique zéro Covid-19 menée depuis plus de deux ans et demi par le régime, est « inédit » selon Marc Julienne, chercheur en charge de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Un mouvement qui « contamine toute la Chine », estime-t-il, et surprend par sa spontanéité et sa capacité à toucher toutes les classes sociales et les différentes générations de la société. « On n’a pas vu un tel phénomène social se produire depuis plus de 30 ans », poursuit le sinologue.

Marc Julienne observe deux éléments déclencheurs de ce mouvement de protestation. Le premier concerne l’incendie d’Urumqi, capitale régionale du Xinjiang, qui a fait au moins 10 victimes jeudi 24 novembre, les pompiers ayant eu du mal à accéder au bâtiment, qui était scellé pour cause de confinement. Le second est la Coupe du monde de football, qui a permis à la population chinoise de se rendre compte, à travers les images, que le reste du monde est loin d’être touché par une politique aussi restrictive concernant le Covid-19 que celle menée par le régime chinois.

S’il fait encourir des risques de peines de prison aux manifestants, le mouvement met aussi le Parti communiste chinois dans une position délicate, estime le chercheur, car une trop forte répression « risquerait d’enflammer encore plus le mouvement », mais « le laisser monter en puissance serait tout aussi dangereux pour la stabilité du parti ».

>> Retrouver la vidéo sur le site Le Parisien [1]