Publié le 29/11/2022

Laurence NARDON, citée par Virginie Robert dans Les Echos

France et Etats-Unis ont oeuvré à un rapprochement malgré le « coup de poignard dans le dos » qui a valu à Naval Group la perte d'un contrat de sous-marins avec l'Australie. Un jeu d'équilibriste, entre le protectionnisme assumé de Washington et la volonté française de bâtir un partenariat efficace avec les Américains en même temps qu'une autonomie stratégique européenne.

Du chemin a été parcouru entre « la rupture de confiance majeure » en septembre 2021 - Washington n'ayant pas jugé bon d'informer Paris qu'il reprenait le contrat des sous-marins australiens gagné par les Français - et cette première visite d'Etat à Washington depuis l'élection de Joe Biden, accordée cette semaine à la France. L'épisode Aukus, qui formalisait une alliance entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis dans l'Indo-Pacifique, a été vécu comme un point bas de la relation franco-américaine. Cela s'est manifesté par le rappel à Paris de l'ambassadeur à Washington, comme de celui à Canberra, une première.

Quelques semaines auparavant, le retrait précipité - sans concertation - des troupes américaines d'Afghanistan avait déjà montré que la nouvelle administration Biden plaçait ses intérêts stratégiques largement devant ceux de ses alliés.

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« La guerre en Ukraine a réimpliqué les Etats-Unis sur les théâtres européens. Certains pensent que cela fera avancer l’autonomie stratégique européenne, d’autres que cela a réveillé l’Otan, ce n’est pas forcément exclusif », observe Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri.

Mais la réponse est importante car « les entreprises commencent à se demander s'il y a un risque sécuritaire à s'installer en Europe », ajoute la chercheuse.

Les points de dissonance restent nombreux. L'Union européenne a développé sa propre stratégie indopacifique. De même, la volonté de l'administration Biden d [1]e rallier les démocraties contre les gouvernements illibéraux s'est heurtée à l'Europe et à la France, qui préfère être plus inclusive, notamment avec les pays du Sud .

Le protectionnisme américain, enfin, pourrait détourner des investissements d'Europe.

« Quand on est un allié de taille moyenne comme la France, la bonne méthode est de parler en bloc, pas en bilatéral. Nous sommes beaucoup plus puissants à 27, avec notre force normative et notre marché de consommation », souligne Laurence Nardon.

 

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