Publié le 06/02/2023
Le président Joe Biden dans la ville de Baltimore au Maryland, le 30 janvier 2023

Antoine PECQUEUR

La construction d’un réseau ferroviaire a joué un rôle de premier plan dans la Conquête de l’Ouest au XIXe siècle, mais, après 1945, le transport de passagers a pâti de la concurrence de la voiture et de l’avion. La création en 1971 d’une entreprise publique, Amtrak, n’a pas réussi à entraver ce déclin. En comparaison, le transport de marchandises (principalement de céréales) par train a toujours réussi à maintenir un haut niveau d’activité aux États-Unis . Les entreprises privées ne s’en sont donc pas détournées.

Adepte du train qu’il prend volontiers pour aller du Delaware à Washington, Joe Biden impulse aujourd’hui un effort de revitalisation du rail américain. Lorsqu’il était vice-président de Barack Obama, « Amtrak Joe » avait déjà engagé le projet de train à grande vitesse américain dans le cadre de la grande loi de relance qui avait suivi la crise de 2008. Le « TGV américain » ne concernera que les corridors les plus empruntés, avec principalement l’Acela Express entre Washington et Boston et le projet californien entre Los Angeles et San Francisco. Lancé en 2015, ce dernier reste controversé et très en retard.

Maintenant président, Joe Biden a prévu jusqu’à 100 milliards de dollars dans l’Infrastructure Investment and Jobs Act de novembre 2021 pour moderniser et étendre le réseau passager. Cet effort ferroviaire repose sur trois types de considérations :

  •  Géopolitiques : les États-Unis ne doivent pas laisser à la Chine une telle avance dans le domaine de la grande vitesse et dans les technologies d’avenir ;
  •  Sociales : les différents chantiers ferroviaires vont créer de l’emploi aux États-Unis et les nouvelles lignes vont revitaliser les territoires, ce qui, au passage, justifiera les financements venus des états fédérés ;
  •  Écologiques : le train est le mode de transport le plus vertueux, notamment face à la voiture et à l’avion actuellement privilégiés par les Américains.

Mais ces évolutions sont fragiles. L’élection d’un président républicain en 2024 mettrait sans doute un coup d’arrêt au tournant ferroviaire engagé par la présente administration.