Publié le 13/03/2023

Amélie FEREY, reçue par Ruth Elkrief et Julien Arnaud sur LCI

Dans l’émission Un Oeil sur le Monde, présentée par Ruth Elkrief et Julien Arnaud, Hélène Blanc et Amélie Ferey reviennent sur les derniers développements de la guerre en Ukraine.

Viktor Orban peut-il éventuellement être une courroie de transmission vis-à-vis de Vladimir Poutine ? Emmanuel Macron peut-il s'en servir pour faire passer des messages ? 

"Je n'irais pas jusque-là, je pense que ce qui est en jeu ici c'est effectivement la solidité du bloc européen après un an de guerre, donc évidemment Poutine attend que ça craque quelque part pour pouvoir avoir des avancées en Ukraine. Mais pour l'instant ce n'est pas le cas. Probablement, ce que va faire Orban, c'est essayer de négocier et d'avoir des contreparties en échange d'un alignement avec ses alliés européens", répond Amélie Ferey

Qu'est-ce qu'il pourrait obtenir comme contreparties ?

"Justement au niveau de l'Union européenne, un oeil peut-être un peu plus doux envers les réformes contre l'Etat de droit qui ont été prises dans son pays. Il pourrait tout à fait le négocier puisque l'idée c'est vraiment de conserver ce bloc européen", éclaire-t-elle.

"Après, je pense que ça montre aussi la difficulté d'avoir une vision commune sur la stratégie de l'Union européenne. Il y a eu cette Boussole stratégique qui est sortie l'année dernière en disant : il faut que l'Europe ait une politique de défense commune et une base industrielle et technologique de défense qui soit commune avec des financements communs... Et aujourd'hui, ce qu'on voit prévaloir, c'est plutôt une logique du chacun pour soi", conclut Amélie Ferey.

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Du côté du Kremlin, quel est l'objectif réel [au sujet de la bataille de Bakhmout] ? Est-ce que le Kremlin n'a pas aussi envie d'user Prigojine et ses amis dans cette bataille sans fin qui a commencé il y a sept mois ?

"On est dans une situation où les Ukrainiens sont en position défensive, donc ils ont valorisé le terrain, c'est-à-dire qu'ils l'ont beaucoup miné, ce qui explique le taux d'attrition - les pertes très importantes à la fois en termes de véhicules et de vies humraines du côté russe", explique Amélie Ferey.  

"Après, l'objectif de cette ville n'est pas un objectif stratégique majeur. C'est plutôt un objectif politique symbolique qui a aussi évidemment une valeur stratégique. Donc on peut se demander pourquoi la Russie sacrifie autant pour finalement faire des percées de 500 mètres, et non pas de 10 ou 20 kilomètres qui pourraient être vraiment utiles", ajoute Amélie Ferey.

Donc en réalité c'est pour éliminer Wagner ?

"Je ne dirais pas que c'est pour éliminer Wagner, parce que Wagner est toujours utile au Kremlin qui est dans une guerre et qui doit donc mobiliser des citoyens pour aller risquer leur vie pour cette cause. Par contre, ce qui est sûr c'est qu'on avait au départ Wagner qui disposait de 50 000 hommes à peu près, mais avec les pertes actuelles et le fait que Prigojine n'est plus autorisé à recruter dans les prisons [...], on voit clairement que le Kremlin n'hésite pas à effectivement affaiblir d'une manière opportune les troupes de Wagner dans cette volonté de reprendre la ville", souligne-t-elle. 

 

> Retrouver l'intégralité de l'émission sur le site de LCI [1]