Publié le 27/04/2023
Communication par satellite en orbite autour de la Terre

Marc JULIENNE

En avril 2021, le gouvernement chinois fonde officiellement, mais assez discrètement, une nouvelle entreprise d’État nommée China SatNet. Celle-ci a pour mission de porter le programme de « méga-constellation » de satellites internet en orbite basse, baptisée Guowang (« réseau national »). 

Plusieurs programmes épars existaient déjà en Chine depuis 2018, et la création de cette entreprise apparaît comme une volonté de rationaliser et d’accélérer le développement et le déploiement de la future constellation nationale.

L’objectif de la Chine est de se positionner sur un secteur éminemment stratégique qu’est celui des réseaux de télécommunication mobile haut débit basés dans l’espace, aujourd’hui dominé par l’Américain SpaceX et sa constellation Starlink. Ces constellations promettent des retombées commerciales et militaires importantes qui suscitent l’intérêt des États.

Dans ce domaine, Pékin accuse un retard certain sur SpaceX, mais démontre une détermination acharnée pour combler son retard et concurrencer ses rivaux. La Chine a d’ailleurs enregistré auprès de l’Union internationale des télécommunications une demande pour la mise en orbite de 12 992 satellites, soit environ 1 000 de plus que les autorisations actuelles accordées à Starlink.

Pour atteindre ses objectifs, la Chine s’appuie sur les acteurs étatiques traditionnels de l’aérospatial et des télécommunications, et désormais sur le nouvel entrant China SatNet. Elle s’appuie aussi sur un écosystème d’entreprises et de startups en pleine structuration (GalaxySpace notamment), et encourage les gouvernements locaux à construire des parcs de production pour l’industrie spatiale et de nouveaux centres de lancement à travers le territoire.

La Chine se donne ainsi les moyens d’atteindre ses ambitions, mais devra néanmoins faire face à de multiples défis, parmi lesquels le financement de son industrie dans un contexte économique contraint, la mise au point d’un modèle économique viable qui n’a pas encore été démontré à l’étranger, et surtout, la rivalité stratégique et technologique croissante avec les États-Unis.