Publié le 07/03/2006

James SHERR

Un an à peine après la Révolution orange, l'Ukraine est de nouveau en proie à des bouleversements intérieurs et extérieurs. D'une part, la révolution semble avoir un impact durable : l'Ukraine est désormais un pays démocratique avec une vie politique active, où le retour à des pressions et des menaces émanant de l'Etat et à une glaciation politique est improbable. Mais, d'autre part, la révolution n'a pas tenu sa promesse principale : doter le pays de dirigeants qui le gouverneraient enfin en fonction de ses intérêts et non pas des leurs. A quelques exceptions près, les réformes n'ont pas porté sur les disfonctionnements institutionnels, hérités de l'époque Koutchma ; le népotisme l'emporte toujours sur le mérite. Cette occasion manquée n'a pas seulement provoqué de nouveaux clivages à l'intérieur du pays, mais a de nouveau rendu l'Ukraine vulnérable sur le plan international. En effet, la Fédération de Russie a absorbé le choc de la Révolution orange ; elle est gouvernée par une élite, persuadée que la richesse et les ressources énergétiques du pays peuvent servir à créer une 'zone de prédominance' russe à la frontière de l'UE. La 'diplomatie du gaz' russe en Ukraine - voie d'accès privilégiée vers le marché européen - renforce l'importance d'intérêts de l'UE liés à l'évolution et à la stabilité de l'Ukraine. Sans succomber aux illusions ukrainiennes en vue de l'adhésion, l'UE doit développer des canaux d'intégration à la fois réalistes et bénéfiques pour les deux parties.