Publié le 05/09/2007

Marc HECKER

RésuméAu moment de la deuxième Intifada, la montée des tensions en France, marquée notamment par une hausse des actes antisémites, a encouragé certains commentateurs à analyser la situation en termes d' " importation du conflit israélo-palestinien ". Si cette expression est contestable - le niveau de violence, en France, est incomparable à celui du Proche-Orient -, il n'en reste pas moins que les résonances du conflit israélo-palestinien se font effectivement sentir sur le territoire national. Constater que cette guerre lointaine a des répercussions en France n'est pas, en soi, une nouveauté. Les groupes armés palestiniens optèrent pour une stratégie d'exportation du conflit dès la fin des années 1960 qui se traduisit par plusieurs attaques sur le sol français. De leur côté, les Israéliens menèrent des opérations ciblées sur le territoire national, à l'instar de l'assassinat de Mahmoud Hamchari en 1972. Les modalités de résonance semblent néanmoins avoir changé. Les tensions actuelles ne résultent pas de l'intrusion en France de combattants étrangers mais de la confrontation d'acteurs français ou établis de longue date sur le territoire national. En outre, ces tensions n'ont pas, à de rares exceptions près, franchi le cap de la violence symbolique ou de la violence physique de très basse intensité. En d'autres termes, on serait passé d'une configuration d'exportation de la violence physique à une forme d'importation de la violence symbolique. La difficulté est de savoir si cette violence symbolique ne risque pas, à son tour, de se transformer en violence physique.