Publié le 29/09/2004

Hans STARK

Par les réformes ambitieuses du marché du travail et des systèmes sociaux qu'il comporte, l'"Agenda 2010" du gouvernement Schröder divise la classe politique et mécontente une partie de la population allemande. Aussi les dernières élections régionales en Sarre, Saxe, Brandebourg et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie se sont-elles soldées par une recomposition du paysage politique dont l'analyse doit pourtant résister aux conclusions trop hâtives.

Si ces élections ont confirmé le déclin du SPD au premier abord, il semblerait précipité d'attribuer cette défaite aux réformes du chancelier et d'annoncer une fin de l'"ère Schröder". Bien qu'en contradiction avec les valeurs du parti social-démocrate, celles-ci bénéficieraient pourtant - à côté du soutien des leaders syndicaux et des écologistes - de l'assentiment de la majorité de la population allemande. Gerhard Schröder pourrait donc renouveler son mandat de Chancelier en 2006 s'il tient bon la barre des réformes.

La situation d'Angela Merkel, présidente de la CDU, s'avère, au contraire, bien plus délicate. Malgré ses succès électoraux, sa majorité au Bundesrat et sa co-responsabilité dans les réformes sociales, la CDU-CSU ne parvient à parler d'une seule voix et donc à présenter un programme de gouvernement crédible. Ceci freine inéluctablement la marche d'Angela Merkel à la chancellerie, dont certains verraient même d'un bon œil le retrait de la présidence de la CDU. D'autant plus que les succès électoraux des chrétiens-démocrates restent relatifs, puisque les voix perdues par la SPD ont bien plus servi les partis extrêmes (NPD,DVU / PDS) que la CDU-CSU: un phénomène par ailleurs inquiétant, observable dans les Länder de l'Est, traduisant le désarroi d'une population confrontée au chômage n'acceptant pas ce qu'elle considère comme un démembrement de l'Etat social allemand.

Hans Stark est secrétaire général du Cerfa.