Publié le 29/10/2010

Sylvie LAURENT

La réforme de l'école secondaire est un chantier peu remarqué à l'étranger, mais central dans le projet du président Obama. Pour remédier aux mauvais résultats de nombreux collèges et lycées publics, notamment auprès des minorités, l'administration introduit des méthodes de gestion inspirées du secteur privé. Cette démarche, qui se situe dans la continuité des politiques précédentes, ne peut manquer de frapper des observateurs français.

Depuis deux ans, les États-Unis sont engagés dans une réforme rigoureuse de l’école secondaire qui suscite la controverse parmi les progressistes. Les maîtres mots de la réforme scolaire de Barack Obama feraient frissonner en France : concurrence entre les établissements pour obtenir un financement public, renforcement des charter schools au fonctionnement autonome, évaluation des résultats pédagogiques, paie au mérite pour des enseignants du secondaire qui doivent renoncer à l’emploi à vie et accepter d’être renvoyés en cas d’« incompétence »… L’école doit rechercher son efficacité dans les méthodes du secteur privé et surtout elle doit rendre des comptes : accountability, tel est le maître mot de la réforme.

L’école américaine est, il est vrai, incapable d’offrir les mêmes opportunités à tous ses élèves : un enfant pauvre n’a qu’une chance sur dix d’accéder à l’université, bien moins encore s‘il est de couleur. Au centre du mouvement des réformes éducatives se trouve donc l’ambition exprimée depuis 30 ans de réduire l’achievement gap (« écart de réussite ») entre les élèves défavorisés et les autres, sous-tendu par la question raciale. Ce déni démocratique que constitue la condamnation à l’échec des jeunes noirs et/ou latinos est le grand arrière-plan de la réforme.

L’État fédéral est fortement prescripteur dans le secteur de l’éducation. La réforme de l’école telle qu’elle est proposée par B. Obama – et son secrétaire d’État à l’Éducation, Arne Duncan – s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de la politique de son prédécesseur, qui avait lancé la réforme No Child Left Behind en 2002. Cependant, la gestion administrative, comme financière, de l’Éducation secondaire incombe aux États fédérés dont les difficultés financières aggravent bien entendu la situation.

Cette réforme radicale de l’Éducation a sans doute beaucoup moins attiré l’attention internationale que les réformes de l’assurance maladie et du système financier. C’est pourtant, peut-être, le chantier le plus décisif d’une présidence Obama qui se veut résolument transformatrice.