Publié le 15/07/2011

Denis BAUCHARD

Lorsque l’on déambule aujourd’hui sur la place Al-Tahrir cinq mois après le début des événements révolutionnaires, on se demande comment cette place disgracieuse a pu être le site mythique de la révolution du 25 janvier. Les marchands de souvenirs ont remplacé les manifestants : ils proposent aux passants des drapeaux égyptiens, des tee-shirts frappés du chiffre 25, des porte-clés aux couleurs nationales, des photos de personnalités arabes (Gamal Abdel Nasser côtoie Saddam Hussein, Hassan el-Banna, le fondateur des Frères musulmans, et même, tout sourire, Oussama Ben Laden).

Mais cette place est lourde de symboles. On y trouve de nombreux bâtiments : le musée d’art égyptien ; le quartier général du Parti national démocratique (PND), devenu une carcasse calcinée ; l’ancien ministère des Affaires étrangères ; un immeuble massif qui abrite les services du ministère de l’Intérieur ; le siège de la Ligue des États arabes et les bâtiments de l’université américaine du Caire (American University in Cairo, AUC). Son nom même – place de la Libération – est en soi tout un programme.

Ce 25 juin 2011, tout semble calme, à part une petite manifestation qui, forte d’une centaine de personnes réunies autour d’un orateur dénonçant les ennemis de la révolution, n’empêche pas l’écoulement du trafic. La journée du 8 juillet devait montrer que rien n’est réglé et que le divorce entre les cyber-révolutionnaires et le pouvoir – c'est-à-dire l’armée – est en train de s’élargir. La révolution n’est pas terminée et la perspective de l’installation d’un régime démocratique apparaît comme un objectif encore lointain.

Après un retour sur les origines de la révolution, cette note propose une analyse de la situation présente, avant d’esquisser quelques scénarios d’évolution.