Publié le 28/06/2012

Anne DEYSINE

Le financement des campagnes électorales aux Etats-Unis obéit à des règles complexes et souvent contournées. Plusieurs décisions juridiques récentes l'ont de plus bouleversé, permettant l'afflux de fonds privés illimités dans la campagne de 2012. Les conséquences sur le fonctionnement de la démocratie américaine sont importantes et les améliorations difficiles à espérer à court terme.

Financées principalement par le secteur privé, les campagnes électorales aux États-Unis sont particulièrement onéreuses. Cela entraîne régulièrement des scandales liés au clientélisme et à la corruption, et provoque une désaffection des citoyens pour la vie politique.

Les lois FECA (1974) et McCain Feingold (2002), précisées par la jurisprudence de la Cour suprême (notamment Buckley 1976 et McConnell 2002) avaient mis en place un système de contrôle des financements et de la communication électorale et imposé certaines règles de transparence.

Ce système complexe, déjà contourné de nombreuses manières, se trouve bouleversé depuis 2010 (Citizen United, SpeechNow). En effet, la Cour suprême a jugé que les entreprises et les syndicats avaient le droit de contribuer au même titre que les individus à la vie politique. Au travers de super PAC, non coordonnés avec le candidat qu’ils soutiennent, ils peuvent participer sans limite aux « dépenses indépendantes » d’une campagne.

Cette évolution se traduit par un afflux d’argent et de publicités négatives véritablement inédit dans la campagne pour les élections de novembre 2012. De nombreuses voix, même chez les républicains, s’élèvent devant le risque de dévoiement de la démocratie.

Pourtant, ni le législateur, ni la Federal Election Commission ne semblent prêts à s’attaquer au problème. La seule solution serait un revirement de la jurisprudence de la Cour suprême, ce qui s’est vu à plusieurs reprises dans l’histoire.