Publié le 20/09/2012

Renaud EGRETEAU

Renouvelée par un coup d'état militaire en septembre 1988, la junte birmane est promptement ostracisée par la communauté internationale au cours des années 1990. Seule la Chine maintient ses liens avec la Birmanie et étend ses partenariats avec une nouvelle junte s'essayant à la libéralisation économique. Tardant à réagir face à cette rapide pénétration chinoise aux portes du Golfe du Bengale, New Delhi choisit alors de revenir dans le jeu stratégique birman durant la décennie 1990, jetant à son tour les bases d'un engagement cordial avec les généraux birmans. Alors que le Tibet et le Pakistan constituent déjà deux éléments critiques de la rivalité sino-indienne émergente, la Birmanie semble alors devenir un nouvel enjeu stratégique dans la relation bilatérale entre Pékin et New Delhi au sortir de la Guerre Froide.

A contre-courant de ce cliché tenace, cette analyse vise à déconstruire l'idée même d'une compétition stratégique tous azimuts se déployant entre l'Inde et la Chine en Birmanie, notamment depuis les années 2000. Si Pékin et New Delhi cherchent aujourd'hui à étendre leur influence dans la région, il apparaît que cela soit bien plus pour des raisons propres à chacun que le fruit d'une volonté systématique de contrecarrer les ambitions de l'autre, et d'y faire échec au "rival". La Birmanie, loin des axiomes peignant le pays comme un simple terrain de jeux stratégiques entre Indiens et Chinois, offre en outre de nombreuses résistances à la poussée de ses deux grands voisins.