Publié le 11/04/2013

Denis BAUCHARD

La Tunisie a été, le 14 janvier 2011, le premier pays arabe à rejeter un pouvoir autocratique par un soulèvement pacifique mobilisé avec un slogan qui s’est révélé efficace : " Dégage ". Elle a été un élément précurseur dans les mouvements révolutionnaires qui ont affecté le monde arabe. Ce pays dispose de tous les atouts - niveau élevé d’éducation, élites de qualité, système économique viable, existence d’une société civile active et d’une classe moyenne forte, pratique d’un islam modéré - pour construire un modèle démocratique.

Deux ans se sont écoulés : à l’aube de l’an III de la révolution, quel bilan peut-on en tirer ? Comparés à d’autres pays comme l’Égypte, la Syrie ou le Yémen, le bilan et les perspectives sont certes moins préoccupants. Cependant, la Tunisie connaît, à la suite de l’assassinat le 6 février 2013 de l’opposant de gauche Chokri Belaïd, une crise profonde qui semble remettre en cause un pouvoir dominé par le parti islamiste Ennahda, voire le processus vers la démocratie.

Quel bilan peut-on faire de ces 25 mois de révolution ? Quelle est la signification de la crise actuelle ? Quels sont les scénarios possibles d’évolution ? Formuler des éléments de réponse est l’objectif de cette note, rédigée à la suite d’un récent séjour en Tunisie.