Publié le 18/12/2013

Mohammed EL OIFI

Les réactions des médias arabes aux manifestations de » masse de juin 2013 en Turquie ont été immédiates, passionnées mais partagées. Elles confirment l’intérêt croissant des sociétés arabes pour les questions turques, mais aussi l’instabilité de l’image de ce pays dans la région.

A partir du 28 mai 2013, le gouvernement turc s’est trouvé confronté à un mouvement de protestation inédit, parti d’Istanbul et qui s’est progressivement étendu, en l’espace d’un mois, à l’ensemble de la Turquie. Ce mouvement a été initié par des groupes politiques et des riverains s'opposant à la destruction du parc de Gezi, situé dans le centre de la métropole turque près de la fameuse place Taksim. Ce parc est l'un des rares espaces verts du centre d'Istanbul et devrait céder la place à un projet immobilier incluant la reconstruction de la caserne de Taksim, bâtiment historique ottoman démoli en 1940, et un centre commercial. Même si le mouvement s’est atténué, notamment après l’intervention brutale, à plusieurs reprises, de la police turque, cette protestation en forme de défi populaire à l’autorité de l’AKP a pris progressivement une dimension politique et symbolique régionale inattendue.

Influencés par le contexte politique des révolutions arabes, qui a vu la remise en cause ou la chute, à la suite de mobilisations populaires massives, de plusieurs régimes au Moyen-Orient, de nombreux commentateurs ont en effet tenté d’établir un lien entre l’évolution de la situation interne en Turquie et son environnement régional. La Turquie, récemment érigée en « modèle » pour le monde arabe, s’est ainsi retrouvée prise dans la dynamique d’interprétation révolutionnaire régionale, et les images de la répression d’un mouvement de contestation pacifique par les forces de sécurité turques ont créé une confusion entre les rues d’Istanbul, celles du Caire ou de Tunis. Début juillet, le coup d’Etat militaire contre le président égyptien démocratiquement élu Mohammed Morsi a encore exacerbé les tensions autour du « modèle turc » et de son avenir au Moyen-Orient : le soutien affiché du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan au président égyptien, mais aussi à l’opposition syrienne en lutte contre le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, a poussé de nombreux acteurs régionaux à contester ou même à s’opposer d’une manière frontale au rôle de plus en plus visible de la Turquie au Moyen-Orient.

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