Publié le 01/07/2014

Elise JULIEN

À l’heure où la France multiplie les projets pour commémorer le Centenaire de la Première Guerre mondiale, le sujet semble beaucoup moins présent dans l’espace public allemand.

Cette guerre a pourtant constitué une expérience, par bien des aspects, commune aux deux pays : il faut remonter au conflit lui-même et à son issue, puis suivre les remous de l’histoire du XXe siècle, pour expliquer ce qui rapproche et ce qui distingue les mémoires de la Première Guerre mondiale en Allemagne et en France.

Alors que cette guerre est devenue un mythe fondateur de la France contemporaine, le Troisième Reich a focalisé l’attention et les débats sur l’histoire allemande. Pourtant, les initiatives scientifiques, pédagogiques et culturelles décentralisées qui émergent actuellement en Allemagne laissent poindre un regain d’intérêt pour la « catastrophe originelle » du XXe siècle, ce que viennent confirmer de récents succès de librairies.

Dans le cadre du Centenaire, les dirigeants français comptent sur un engagement de leurs homologues allemands à leurs côtés. Mais sans une véritable conscience de l’asymétrie entre les deux pays dans leur rapport à la guerre et indépendamment de toute mauvaise volonté, de telles attentes risquent d’être déçues en France et de rester incomprises en Allemagne. S’il est difficile de parler d’une mémoire collective franco-allemande (ou européenne) de la Première Guerre mondiale, il reste à espérer que ce Centenaire aide à une meilleure compréhension des préoccupations et des approches réciproques, permettant ainsi à chacun d’adopter un regard plus autocritique.

Élise Julien est maître de conférences à Sciences Po Lille et chercheur à l’Institut de recherches en histoire du Septentrion (CNRS/Université de Lille-III).