Publié le 01/01/2010

Charles GREMONT

Cette contribution propose d'analyser les rapports qui unissent ou opposent le pouvoir central de l'Etat aux populations de la frange sud du Sahara central, Touaregs et Arabes principalement, et ce, dans un espace relationnel particulier : celui des forces armées coloniales et maliennes.

Le trait commun entre l'Etat français, en situation coloniale et l'Etat malien, issu d'un mouvement d'indépendance (1960), émane de la représentation produite par la majorité des populations touarègues et arabes, celle d'une entité extérieure, et ce, quels que soient les termes de la relation, bons ou mauvais.

Le propos visera ici à interroger les deux côtés de la relation – État et populations touarègues et arabes – et les logiques qui les animent. Il sera exposé à travers une perspective historique. L’ancrage de la réflexion à l’époque coloniale me parait, en effet, essentiel si l’on cherche à comprendre les modalités de recrutement militaire de populations vivant à la lisière sud du Sahara. En l’occurrence des Touaregs et des Arabes présentés, selon les circonstances, soit comme les premières victimes ou les premiers remparts de dangers extérieurs, soit comme les premiers responsables des troubles et des déstabilisations connus dans ces régions.

Trois questions lancinantes, couvrant l’ensemble de la période (1893-2008), constitueront le fil rouge de la réflexion.

  1. Quels dangers, réels ou supposés, ont menacé les pouvoirs centraux (colonial et malien) dans ces zones sahariennes limitrophes ?
  2. Pourquoi et comment ces pouvoirs centraux ont-ils décidé de recourir aux « populations locales » pour assurer des fonctions de contrôle, de surveillance, de défense et, parfois aussi, de répression ?
  3. Quels ont été, en retour, les positionnements de ces populations ? Quelles logiques et quels intérêts les ont amenées à intégrer les forces armées des pouvoirs centraux ?